Chaque année, ce sont des milliards de tonnes de déchets qui sont déversés dans les océans, comme en témoignent les « garbage islands », des tourbillons de déchets formant une concentration d’amas de plastiques dans le Pacifique Nord. Le plastique est responsable de la destruction des espèces marines, rien de nouveau là-dedans. Néanmoins, nombreux sont ceux qui essaient de faire bouger les choses, comme la société japonaise AMAM qui a créé un plastique dérivé des algues rouges. Un petit nouveau vient de les rejoindre : Saltwater Brewery. Cette société spécialisée dans la production de bière vient de mettre au point un emballage respectueux de l’environnement : des packs de bière biodégradables et comestibles, capables de lutter contre la prolifération de déchets plastiques dans les océans. Le pack de bière révolutionnaire dénommé “Edible Six Pack Rings” est fabriqué à partir d’orge et de blé.
Saltwater Brewery : biodégradable, comestible et résistant
Saltwater Brewery utilise en fait des restes non transformés de sa production de bière pour fabriquer ces packs, qui en plus d’être biodégradables, sont aussi résistants que du plastique. Non seulement cette brasserie réduit considérablement le nombre de déchets qu’elle génère dans le cadre de sa production, mais elle pense également à protéger les océans dans lesquels ses produits sont susceptibles d’atterrir. Il n’est pas nécessaire d’arrêter la consommation, mais de consommer autrement. Nous sommes bien conscients des effets dévastateurs causés par le plastique abandonné dans l’océan : tortues mortes, plastique retrouvé dans l’estomac de poissons et d’oiseaux. Avec ce geste à petite échelle, le patron de Saltwater Brewery espère montrer l’exemple et influencer les grandes brasseries.
“On espère influencer les grands groupes pour qu’ils nous rejoignent dans cette initiative”. Chris Goves, dirigeant de Saltwater Brewery
Conséquences dramatiques pour les océans
Sous l’effet des courants océaniques, l’invasion des déchets plastiques dans les océans est devenue une catastrophe environnementale de grande ampleur, à la fois pour les écosystèmes marins mais également pour la santé du consommateur. En effet, les micro-plastiques contenus dans les déchets contiennent et favorisent l’absorption de composés chimiques considérés comme persistants et toxiques. Par conséquent, toutes particule ingérée par des organismes marins est susceptible d’introduire dans la chaîne alimentaire des toxines que nous, consommateurs, retrouvons ensuite dans nos assiettes. Ces déchets entrent dans la mer via les décharges mal gérées, les activités touristiques ainsi que la pêche. Certains de ces produits coulent au fond des océans, et d’autres flottent à la surface, traversant de grandes surfaces via les courants marins. Ainsi, ils échouent sur les littoraux et s’accumulent dans les « continents » de déchets.
« Le plastique joue sans aucun doute un rôle crucial dans la vie moderne, mais les impacts environnementaux de la façon dont nous l’utilisons ne peuvent pas être ignorés (…), la réduction, le recyclage et la re-conceptualisation des produits à base de matière plastique peuvent apporter plusieurs avantages écologiques : de la réduction des dommages économiques sur les écosystèmes marins, le tourisme et la pêche — vitaux pour de nombreux pays en développement — à l’apport d’économies et d’opportunités pour l’innovation aux entreprises tout en réduisant les risques. » Achim Steiner, Secrétaire général adjoint des Nations-Unies.
Les plus gros déchets plastiques, aussi appelés macro-déchets, entraînent la mort ou des maladies lorsqu’ils sont ingérés par les animaux marins, comme par exemple les tortues, espèce la plus gravement touchée. Les cétacés peuvent quant à eux s’étrangler avec, voire mourir lorsque leur estomac est obstrué. De plus, ce type de déchets génère des coûts économiques considérables pour les industries de la pêche et du tourisme dans plusieurs pays. Ces dommages peuvent par exemple être causés par l’encrassement des équipements de la pêche, ainsi que par la pollution des plages.
« Les fragments deviennent des supports pour certaines espèces qui sont ainsi transportées, avec les courants, dans des zones où elles ne se seraient pas développées et reproduites sinon (…), ces espèces prennent alors la place d’autres, ce qui risque de créer des déséquilibres des écosystèmes marins. » François Galgani, chercheur à l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer.
A cause des polluants, certaines espèces se développent rapidement
Les polymères peuvent entraîner la prolifération d’espèces invasives, comme par exemple les araignées d’eau. Il s’agit d’un insecte capable de s’adapter au milieu marin, et qui a besoin d’un terrain solide pour pondre ses œufs. La gigantesque plaque de déchets qui flotte dans le Pacifique nord est un incubateur parfait pour sa prolifération.
Coût de l’impact des déchets plastiques : $13 milliards par an
La pollution marine engendrée par les plastiques est estimée à $13 milliards par an, d’après l’ONU. C’est un chiffre qui serait sous-estimé. L’inquiétude est grandissante depuis 2011 concernant les micro-plastiques (plastiques dont le diamètre est inférieur à 5 millimètres). Ces micro-plastiques sont ingérés à grande échelle par les organismes marins tels que les oiseaux, poissons, moules et zooplancton, pour ensuite devenir une source de produits chimiques dans nos assiettes. De plus, ils endommagent les récifs coralliens.
Projets fous pour nettoyer les océans
Le constat est fataliste : les micro-fragments continueront à polluer nos océans au cours des décennies à venir. Malgré cela, des projets innovants ont pour ambition de s’attaquer à la pollution déjà existante à la surface de l’eau. Le projet le plus médiatisé est celui porté par un jeune néerlandais, Bovan Slat. Son idée est de déployer une série de barrières flottantes à la surface de l’eau, jusqu’à former un entonnoir géant qui concentrerait les débris et les ramènerait vers une plateforme de traitement.