Depuis plus d’un an, la production mondiale de beurre n’arrive pas à suivre la demande qui explose. Résultat, les cours mondiaux on doublé et face à la menace de pénurie les professionnels de la boulangerie s’inquiètent.
Les consommateurs ont de leur côté commencé à stocker l’ingrédient et vident les rayons. D’après le cabinet Nielsen, la demande en beurre a progressé de 20% en un an. A quoi cela est dû ? A l’apparition d’une nouvelle clientèle venant acheter le beurre dans les supermarchés, à savoir les professionnels de la restauration et pâtissiers qui se sont détournés du verre industriel, devenu trop cher.
30% de la demande en beurre n’est plus satisfaite
Selon une étude de l’institut Nielsen, 30% de la demande française en heure ne serait pas satisfaite au mois d’octobre, et pour cause : cette demande a augmenté de 20% en un an en volume. Dans les grands magasins, ce chiffre peut atteindre les 46%. D’après Nielsen, les médias ont accéléré la pénurie et provoqué le stockage des consommateurs. Les manques sont différents suivant la taille des supermarchés et des types de beurre.
La fin des quotas laitiers fait baisser l’offre
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’industrie du lait se porte mal. Après la fin des quotas laitiers en Europe en 2015, de nombreux producteurs se sont détournés du lait en faveur d’autres matières premières plus rentables. Résultat, la production laitière française a chuté de 4% en 2016.
Rappelons que pour produire une plaquette de 250 g de beurre, il faut utiliser la matière grasse de cinq litres de lait. Tout ce qui reste, c’est du lait écrémé qui se vend très mal.
Le beurre de plus en plus populaire
Aujourd’hui à travers le monde, on consomme beaucoup plus de beurre qu’avant : la Chine et les Etats-Unis sont friands de viennoiseries, et ce surtout depuis que les scientifiques ont prouvé que le gras n’était pas mauvais pour la santé.
Si globalement la hausse de la demande mondiale est portée par les pays asiatiques, n’oublions pas que les français restent les plus gros consommateurs de beurre au monde avec 7,9 kg de beurre par an et par personne, contre 0,1 kg pour un chinois. Ainsi le beurre retrouve ses lettres de noblesse et sa consommation rebondit partout dans le monde.
Les français se replient sur la margarine
La pénurie de beurre dans les rayons des magasins a directement affecté les ventes de margarine qui ont affiché une hausse en volume de 15%, alors qu’elle étaient en baisse sur l’ensemble de l’année. Tandis que la plupart des produits de grande consommation ont subi une déflation de -0,2 %, les “corps gras” à savoir le beurre, la margarine, la crème fraîche et le fromage français ont vu leurs prix augmenter de 5,4 % sur un an en octobre.
La margarine apparaît comme le meilleur substitut au beurre, à condition d’éviter les substituts à base de matières grasses hydrogénées ou d’huile de palme. Il est fortement conseillé de se cantonner aux produits à base d’huile d’olive ou de colza, bien meilleurs pour la santé.
Tensions entre producteurs et distributeurs
Les distributeurs français expliquent la situation de pénurie par un manque de matières premières, directement lié à un manque d’approvisionnement de la part des producteurs. D’après le Ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert qui s’est exprimé sur le sujet, ces problèmes sont dus à “une baisse de la collecte de lait sur la période d’été”, couplée à “une demande très forte de la part des pays étrangers”.
Mais la Fédération Nationale des Producteurs Laitiers tient un tout autre discours : la pénurie de beurre serait due à “un problème de négociations commerciales entre industriels laitiers et distributeurs”. En effet, les distributeurs refuseraient d’augmenter leur prix d’achat du lait aux producteurs.
Le grandes marques profitent d’un court répit
En ce qui concerne les grandes marques de beurre français, telles que Président et Elle&Vire, elles sont pour le moment préservées d’un bras de fer avec les producteurs grâce à leurs contrats négociés à l’année. A ce jour, leurs prix n’ont pas encore été discutés et les producteurs sont dans l’obligation de les livrer. Mais ce délai devrait être de courte durée car les négociations débuteront en novembre 2017. Affaire à suivre.