Les chats sont partout, de nos maisons aux vidéos YouTube. Dans le monde, 500 millions d’entre eux sont domestiqués, dont 13 millions en France. Au sein de l’hexagone, la population féline dépasse même celle des chiens. Mais nous oublions souvent qu’avant d’arriver dans nos vies quotidiennes, ces animaux étaient sauvages. Comment ont-ils effectué cette transition ? Des chercheurs français ont répondu à cette question en étudiant l’ADN félin.
Le parcours du chat domestique retracé
Au début du néolithique, les chats étaient sauvages. Une équipe de chercheurs français pilotée par des scientifiques de l’Institut Jacques Monod, de l’université Paris Diderot et du CNRS, a étudié de près l’ADN félin, pour remonter jusqu’à environ 10 000 ans dans le temps.
Grâce à des échantillons d’ADN, ils ont réussi à retracer l’évolution du chat à travers les millénaires.
230 anciens chats ont été analysés
Les scientifiques ont étudié l’ADN de plus de 230 chats européens anciens, certains datant de 9 000 ans.
Des chats momifiés ayant vécu à l’époque ptolémaïque égyptienne ont également été analysés, bien que seulement six de ces momies aient apporté des résultats concluants.
Plus en détails, les chercheurs ont concentré leur étude sur l’ADN mitochondrial des individus. Contrairement à l’ADN nucléaire, l’ADN mitochondrial permet d’étudier des éléments de la cellule responsable de la production énergétique cellulaire.
Pour faire simple, l’avantage de cet élément génétique est d’être transmis par la mère. Il permet ainsi de tracer la lignée maternelle et de suivre efficacement l’évolution des populations.
« Le chat s’est rapproché de l’homme pour des raisons évidentes d’intérêts convergents : il a été attiré dans les villages par l’afflux de rongeurs que les stocks de grains d’orge et de blé ne manquaient pas de provoquer », Eva-Maria Geigl et Thierry Grange, chercheurs spécialistes de paléogénétique à l’Institut Jacques-Monod
Le chat domestique vient du Proche-Orient
D’après les résultats de l’étude, le chat domestique, tel que nous le connaissons aujourd’hui, ne descend pas du chat sauvage européen.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il trouve ses origines au Proche-Orient. Mais ce qui surprend le plus, c’est que deux vagues de diffusion du chat ont eu lieu sur le continent. La première vague est due à l’agriculture, et la deuxième est attribuable à la mode du chat égyptien.
Deux vagues de domestication ont eu lieu
L’équipe de scientifiques est formelle : lybica est l’ancêtre de nos chats domestiques. Mais une découverte surprenante les attendait : deux phases de domestication ont eu lieu au cours de l’histoire.
La première vague a eu lieu à l’époque de la néolithisation de l’Europe, il y a à peu près 5 000 ans. Les hommes utilisaient alors les chats pour des raisons purement pratiques, ces derniers étant très efficaces afin de se débarrasser des animaux nuisibles, tels que les serpents, les rats et les scorpions.
La deuxième vague a eu lieu à partir de l’antiquité classique, période durant laquelle les animaux de compagnie sont entrés dans les moeurs.
Le chat égyptien a alors connu un engouement notable, jusqu’à devenir une mode dans les civilisations grecques et romaines.
L’ADN du chat domestique proche de celle du chat sauvage
Après l’empire ottoman, le chat égyptien a régressé en faveur de sa variante anatolienne. Il est cependant difficile pour les chercheurs de déterminer à quel moment précis la domestication a eu lieu.
Ce que l’on sait avec certitude, c’est que contrairement au chien, le chat domestique est génétiquement très proche du chat sauvage.
Seule une petite dizaine de gènes a changé. Vous auriez d’ailleurs du mal à faire la différence entre un chat sauvage et un chat domestique.
La couleur du pelage constitue une preuve de domestication
Si la domestication n’a pas altéré la physiologie, la morphologie et le comportement des chats, la couleur du pelage constitue un marqueur certain.
En effet, le pelage du chat sauvage est exclusivement tigré. On retrouve le gène des tâches et des marbrures seulement chez le chat domestique.