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Qui est François Fillon, vainqueur des Primaires de droite

C’est officiel, François Fillon sera le candidat de la droite et du centre pour la prochaine élection présidentielle française, qui aura lieu en mai 2017. Prônant la lutte contre la « démagogie » et «l’immobilisme », le candidat a cette fois séduit les français. Dimanche 27 novembre, le député de Paris a remporté les Primaires de droite, avec 66,6% des voix au second tour contre son grand rival Alain Juppé. Une victoire écrasante, alors que 4,3 millions de votants s’étaient mobilisés au premier tour, un chiffre record qui représente une réussite politique pour la droite. Si rien n’était gagné pour le candidat qui avait été le premier à quitter le premier tour il y a trois ans, il a cette fois remporté l’étape haut la main et fait un pas de plus vers la présidentielle de 2017. Retour sur le parcours de François Fillon, l’éternel second, qui à 62 ans n’a jamais dirigé de parti politique mais fût quatre fois ministre et dirigea le gouvernement français pendant cinq ans.

François Fillon : une victoire écrasante

Arrivé en tête du premier tour de la primaire avec un score imposant de 44%, créant ainsi la surprise et écartant définitivement Nicolas Sarkozy de la course, François Fillon a signé au soir du second tour une victoire encore plus éclatante, avec 66% des suffrages (contre 33,5% pour Alain Juppé), soit plus de 2,8 millions de voix. Le député de Paris arrive en tête dans la quasi-totalité des départements, ne laissant que la Corrèze et la Gironde au Maire de Bordeaux, qui l’a par ailleurs félicité pour sa « large victoire ». Celui qui s’était vu reléguer au rang de « collaborateur » par Nicolas Sarkozy, qui se disait « seul » il y a trois ans de cela, dans le contexte de la crise de la présidence de l’UMP, qui a souvent fait figure de « numéro 2 », aura su faire preuve d’une grande habilité et d’une résistance certaine, pour se positionner désormais en grand favori de la présidentielle 2017.

Retour sur ses 40 ans de carrière politique

C’est au poste d’assistant parlementaire du député sarthois Joël Le Theule que François Fillon fait ses grands débuts dans la politique. Le candidat de la droite gravira ensuite les échelons au sein du cabinet de ce dernier, avant de devenir lui-même député de la Sarthe en 1981. Puis, les mandats s’enchaînent : d’abord Président du Conseil Départemental en 1992, il donne ensuite une dimension nationale à sa carrière, intégrant le gouvernement d’Edouard Balladur en 1993, à la tête du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Sous Chirac, il sera de nouveau Ministre au sein des gouvernements Juppé (Affaires sociales) et Sarkozy (Education nationale), avant d’accéder au poste de Premier Ministre sous la présidence de ce dernier (2007-2012). Très proche de l’ancien président, il saura néanmoins se démarquer au bon moment et conserver une certaine popularité dans son camp. En 2012, il se porte candidat à la présidence polémique de l’UMP qui le verra livrer une longue et féroce bataille face à Jean-François Copé, avant de se porter candidat aux primaires de droite en novembre 2016. On connaît la suite.

Séguiniste, thatchériste, gaulliste ?

C’est au bord des larmes que François Fillon livre en 2010 un discours d’hommage à Philippe Seguin, au lendemain de son décès. Celui qui était le mentor du député de la Sarthe n’hésitait cependant pas à critiquer les politiques trop libérales, dénonçant en 1993 la priorité donnée au productivisme et à la promotion du libre échange sur la « préoccupation de l’emploi ». Pourtant, beaucoup considèrent le programme de François Fillon comme néo-thatchérien: réduction des déficits publics, libéralisme décomplexé, etc. De ce point de vue là, le candidat à la présidentielle semble s’éloigner du gaullisme social séguiniste. À cet égard, Xavier Bertrand, déclarait en 2012 que François Fillon n’avait de gaulliste que sa filiation ». Séguiniste, thatchériste, gaulliste: les comparaisons ne manquent pas. Pour son proche, Jean de Boishue, François Fillon appartient à « une autre génération » de gaullistes, voyant en lui un homme des plus « pragmatique ». Car c’est avant tout l’état de la société française qui lui importe. Et face à l’urgence, Fillon assume tout à fait qu’il est nécessaire de porter une politique « radicale ».

Son premier soutien : la droite catholique

C’est dans les départements de tradition catholique que le Député de Paris a réalisé ses meilleurs scores. Se revendiquant lui-même catholique et prônant un certain retour aux valeurs, François Fillon a su convaincre, à travers son discours conservateur, la plupart des catholiques militants et notamment les représentants de mouvements engagés dans la Manif pour tous. Un discours auquel ne sont pas non plus restés insensibles certains groupes identitaires, tels que Fdesouche, qui a officiellement soutenu sa candidature. Enfin, le candidat compte de nombreux soutiens dans les milieux du patronat et de la finance. En définitive, grâce à un conservatisme social et un libéralisme économique assumé, François Fillon aura réussi à mobiliser la France catholique, la France des petits patrons et la France rurale. D’un point de vue démographique, notons que ses électeurs sont majoritairement des hommes (56%), des personnes appartenant aux catégories socioprofessionnelles supérieures et des personnes âgées de plus de 65 ans.

« Choc libéral » et changement de politique à l’égard de la Russie

Le leader de la droite promet donc des mesures chocs pour « sortir la France du coma artificiel ».Cela devra nécessairement passer par des coupes budgétaires (il vise une économie de €110 milliards sur les dépenses publiques) et des réformes radicales. Aussi entend-il harmoniser le régime des retraites, réviser l’assurance chômage avec un plafonnement et une dégressivité des allocations, et « désétatiser » le système de santé. Au menu : retraite à 65 ans, suppression de 500 000 postes chez les fonctionnaires, les 39 heures dans le public, et la possibilité pour les employeurs du privé de négocier l’allongement du temps de travail jusqu’à 48 heures hebdomadaires. Du point de vue de la politique étrangère, le candidat de la droite souhaite établir de nouvelles relations avec la Russie de Vladimir Poutine et prône un rapprochement avec le Kremlin, notamment sur des questions relatives à la Syrie et à la lutte contre « le totalitarisme islamique ». Enfin, pour ce qui est de l’environnement, son programme ne contient pas de mesure phare. François Fillon prévoit par ailleurs de renforcer le secteur du nucléaire et de supprimer le principe de précaution de la Constitution, en vue de libéraliser la filière agricole.

 

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