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Mort de Fidel Castro, père de la révolution cubaine

Le Président cubain Raul Castro a annoncé la nouvelle à la télévision nationale cubaine le vendredi 25 novembre 2016 au soir : « Le commandant en chef de la révolution cubaine est décédé à 22h29 ». Il a ensuite conclu en récitant le slogan de Fidel Castro : « Hasta la victoria, siempre ! » ou en français « Jusqu’à la victoire, toujours ». Avec le décès du « Comandante », c’est une page de l’histoire qui se tourne. Symbole de la lutte contre l’impérialisme américain, il dirigea Cuba d’une main de fer pendant presque six décennies. Adulé par certains, détesté par d’autres, une chose est certaine, Fidel Castro n’a jamais laissé personne indifférent.

Fidel : symbole de la lutte contre l’impérialisme américain

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Fidel Castro était connu pour ses discours interminables, sa personnalité haute en couleurs et son éternel uniforme vert kaki, sans oublier ses cigares et sa barbe légendaire. Il fut un symbole de la lutte contre l’impérialisme et le consumérisme américain, tout en affichant peu de respect pour les droits civiques et les libertés individuelles. En cinq décennies de règne, il a vu défiler 11 présidents américains et a survécu à plus de 638 tentatives d’assassinat ; sans compter la débâcle américaine de la Baie des Cochons en avril 1961 qui entraîna un embargo commercial et financier sur l’île. Cet embargo est d’ailleurs toujours en vigueur malgré les assouplissements consentis par l’administration Obama.

Les origines du « Comandante »

Né en 1926 à Biran, dans la province Oriente de Cuna, Fidel Castro fut dès son plus jeune âge un enfant passionné de lecture, à la mémoire étonnante, mais déjà très colérique et athlétique. Fils d’un grand propriétaire terrien, il effectue ses études primaires et secondaires chez les Jésuites, à La Havane. Il tirera de cette enfance paisible un mode de gestion très austère du pays, à l’image de l’exploitation de canne à sucre paternelle. Fidel Castro conservera toute sa vie une vision très christique de la politique, et ce malgré son excommunication par le pape Jean XXIII en 1962. De plus, il se montrera toute sa vie d’une extrême rigueur, même envers les personnes qui lui étaient le plus proches.

Un bilan politique difficile à dresser

Sur son CV figurent l’atteinte aux Droits de l’Homme ainsi qu’un totalitarisme sans faille : censure, quadrillage policier, répression des opposants, des artistes, et des homosexuels. Pendant des décennies le peuple cubain a été tenu à l’écart de la planète, prisonnier de la forteresse Cuba. Castro a certes donné à Cuba une place de choix sur la scène internationale, à l’avant-garde de la révolution, mais pour ensuite laisser l’île devenir une pièce de musée, crispée sur une répression de plus en plus présente.

Deuil national de neuf jours décrété à Cuba

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Après la mort de Fidel Castro, un deuil national de neuf jours a été décrété à Cuba. Ce dernier a été marqué par de multiples hommages à la Havane, ainsi qu’en province. Durant cette période, le frère de Fidel, Raul, a annoncé qu’aucun monument ni lieu ne porterait le nom de Fidel Castro, en précisant que « Le leader de la révolution rejetait toute manifestation du culte de la personnalité et a été constant dans cette attitude jusque dans ses dernières heures ». Mais selon Ted Piccone, spécialiste de l’Amérique latine, tout cela n’empêchera pas le souvenir de Castro de planer sur Cuba, pendant longtemps. Tout repose à présent sur les épaules de Raul, qui opère depuis deux ans une timide ouverture de l’économie cubaine au monde, soldée par un rapprochement spectaculaire avec les Etats-Unis.

Castro avait disparu des écrans depuis 2014

L’ancien leader cubain avait disparu de la circulation en février 2014, ce qui n’a pas manqué d’alimenter de nombreuses rumeurs quant à son état de santé. Il avait en revanche recommencé à recevoir chez lui des personnalités et dignitaires étrangers à partir d’avril 2015, ses déplacements restants limités. Sa dernière apparition publique date de son anniversaire, en août dernier. Jusqu’à ses derniers jours, Fidel Castro s’est montré imprévisible. Très ami avec Pierre-Elliott Trudeau, il avait pourtant refusé de s’entretenir avec son fils, le Premier Ministre canadien Justin Trudeau. Il avait pourtant la veille accepté de recevoir le Président vietnamien Tran Dai Quang. C’est à n’y rien comprendre.

La CIA a tout essayé pour faire disparaître le dirigeant cubain

Entre LSD, cigares empoisonnés et stylos piégés, la CIA aura tout tenté pour assassiner Castro, toujours sans succès. La légende veut qu’il ait survécu à 638 attaques de son rival américain, prêt à tout pour s’en débarrasser. Avant de songer à une élimination physique, la CIA avait préalablement tenté de détruire Castro en s’attaquant à son image durant la présidence d’Eisenhower. Mais ironie de l’histoire, le 22 novembre 1963 alors que le Président John Kennedy était assassiné à Dallas, un responsable de la CIA confiait à une taupe cubaine un stylo empoisonné destiné à Fidel Castro. Pendant ce temps, un émissaire de l’administration Kennedy rencontrait Castro afin d’améliorer les relations entre les deux pays.

Ce qu’Obama a fait à Cuba, Trump pourra le défaire

Trump could undo the Cuba Deal - alvexo

Après le constat d’échec d’un demi-siècle d’embargo et cinq décennies d’antagonisme forcené, le Président Obama a souhaité rendre irréversible le rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba. Il s’est rendu à La Havane le 20 mars 2016 pour ainsi devenir le premier Président américain en exercice à se rendre sur l’île en 88 ans. Il a également nommé un Ambassadeur américain à Cuba, Jeffrey DeLaurentis. Par la suite, de nouvelles mesures d’allégement de l’embargo imposé à l’île ont été ratifiées en septembre, y compris la suppression des restrictions d’importation visant les cigares et le rhum cubains. Mais cette irréversibilité peut être remise en question : en effet les mesures ont été effectuées par le biais de décrets présidentiels, ce qui signifie que le prochain Président Donald Trump pourrait les défaire à sa guise. Si Obama espérait que l’embargo obsolète et inefficace serait levé, rien ne garantit que le Congrès soit du même avis.

 

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