Le 9 août dernier, les militaires de l’opération Sentinelle ont subi une sixième attaque terroriste, cette fois à Levallois. L’armée s’interroge à nouveau sur l’efficacité de l’opération et dénonce un manque de moyens.
Mise en place après les attentats de janvier 2015, l’opération Sentinelle déploie 7000 militaires sur 700 sites à risque du territoire français. En juillet, Emmanuel Macron avait déjà annoncé une refonte de l’opération ainsi que la mise en place d’un “service national universel”.
7000 militaires mobilisés en permanence
Après les attentats meurtriers de janvier 2015, l’opération Sentinelle a été lancée en renfort du plan Vigipirate. Elle mobilise en permanence 7 000 militaires sur le sol français. L’objectif est simple, être visible afin de rassurer la population et dissuader les tentatives d’attaques.
Les centres villes et sites identifiés comme sensibles bénéficient d’une protection supplémentaire. C’est par exemple le cas de sites touristiques comme le Mont Saint-Michel, mais aussi les écoles et lieux de cultes.
Les militaires ont pour instruction de rapporter tout comportement suspect.
Les militaires : cible des attaques
Depuis la mise en place de l’opération Sentinelle il y a deux ans et demi, les soldats ont été la cible d’attaques terroristes à de nombreuses reprises : prise d’otages à l’aéroport d’Orly, attaque à la machette au Musée du Louvre, et plus récemment une tentative à la Tour Eiffel. Le 16 août dernier, la sixième attaque a eu lieu : une voiture fonce sur six militaires déployés à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine.
Cela relance le débat sur le dispositif Sentinelle et sur son efficacité.
L’efficacité de l’opération remise en cause
Si l’opération Sentinelle représente plus d’un tiers des déploiements de l’armée française, son efficacité est tout de même remise en cause.
Elle aurait un effet psychologique positif sur la population, mais jusqu’à preuve du contraire, elle n’aurait jamais déjoué ni même entravé d’attentat depuis sa mise en œuvre.
Son coût ? €176 millions en 2015 et €145 millions en 2016.
Macron appelle à une “revue en profondeur” du dispositif
Lors de son discours aux armées du 13 juillet, Emmanuel Macron avait annoncé que l’opération Sentinelle serait revue en profondeur au mois de septembre. Cette réforme visera à améliorer l’efficacité opérationnelle en prenant en compte l’évolution de la menace.
Pour l’armée française, c’est un soulagement. Le déploiement des militaires sur le territoire n’a jamais été fait pour durer, et les militaires plaident en faveur d’une réforme.
“Les militaires de Sentinelle sont aujourd’hui 7500 mobilisés, contre 10 000 il y a quelques semaines. Or, un plan encore confidentiel est en cours de discussion au Ministère des Armées pour réduire ce nombre à 5 000 après l’été.” Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes.
Les forces françaises à travers le monde
Si l’opération Sentinelle mobilise 7000 militaires sur le sol français, n’oublions pas que 16 000 autres sont déployés dans le monde et en particulier en Afrique et au Moyen-Orient. Mais l’armée française n’aurait pas les moyens de ses ambitions, alors que son niveau d’engagement est sans précédent.
Le budget militaire de la France dépasse aujourd’hui celui de l’Allemagne, avec 1,5% de son PIB. Mais depuis 1980, la part du PIB dédiée à la Défense a été divisée par deux.
Ainsi, des milliards d’euros ont été imputés au budget de la Défense, faisant croître la dette de la France.
Les soldats demandent une réforme
Au printemps 2016, les gardes statiques ont été abandonnées aux profits de patrouilles mobiles plus adaptées à la menace.
Cette évolution a été plébiscitée par les militaires, se sentant “sous-utilisés”. Ces derniers déplorent des missions peu motivantes ainsi que des conditions de vie déplorables.
Nombre d’entre eux a d’ailleurs quitté l’armée en apprenant que l’opération allait durer sur le long terme.
Un «plan confidentiel» pour réduire les effectifs ?
Après l’attentat de Levallois-Perret, l’exécutif compterait réduire drastiquement le nombre de militaires déployés sur l’opération Sentinelle par un “plan confidentiel”. Les effectifs passeraient ainsi de 7500 à 5000 en septembre 2017.