Bien qu’arrivée en tête des élections législatives le 24 septembre, Angela Merkel fait face à la montée de l’extrême droite et va devoir batailler pour maintenir une coalition au sein du Parlement. Sa situation politique lui donne désormais une marge de manœuvre réduite. Du côté de la France, Emmanuel Macron perd un allié précieux dans la réalisation de ses projets ambitieux de réforme de l’Europe qui reposaient entièrement sur le soutien indéfectible de Merkel.
Elections allemandes : un séisme politique
Au soir du scrutin, Angela Merkel parlait avec confiance d’un « statu quo”. C’était sans compter le vote allemand, qui a tout chamboulé. L’entrée fracassante des députés d’extrême droite au Bundestag bouleverse l’écosystème politique de l’Allemagne.
Certes Merkel a remporté son quatrième mandat et le parti conservateur arrive en tête, mais elle a perdu 8% de ses électeurs depuis 2013. Le SPD a quant à lui difficilement atteint la deuxième place, tandis que le parti d’extrême droite AFD s’est renforcé.
Résultats catastrophiques pour le SPD et la CDU
Le 24 septembre dernier, 94 députés du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) sont arrivés au Parlement allemand.
C’est une première depuis la fin de la dernière guerre mondiale. La CDU et le SPD qui à eux deux décident de la vie politique du pays depuis 70 ans n’ont obtenu que 399 sièges au Bundestag, ce qui représente seulement 56% du parlement.
Pour retrouver une si faible proportion de députés SPD et CDU, il faut remonter à 1949 alors qu’ils n’avaient que 67% des sièges.
Les projets de Macron remis en question
Emmanuel Macron a promis depuis son élection de mettre en place une série de réformes pour transformer l’Union européenne. Bien heureusement il a attendu les résultats des élections législatives allemandes pour dévoiler ses ambitions, qui seront revues à la baisse.
En effet, le SDP est officiellement opposé à ses deux objectifs principaux à savoir la création d’un budget spécifique à la zone euro et la nomination d’un Ministère européen des Finances.
Le dirigeant du parti libéral, Christian Lindner a également insisté sur la suppression du mécanisme européen de stabilité.
D’après les libéraux, l’Europe de Macron est trop chère
L’Allemagne a largement profité des avantages de l’Europe pendant dix ans, comme en atteste son excédent commercial de €300 milliards.
Malgré cela, les libéraux estiment que le projet d’Europe de Macron est “trop cher”. Ainsi le projet de refonte de l’Union européenne par ses trois pays fondateurs à savoir la France, l’Allemagne et l’Italie est remis en cause.
Le Président français a toujours eu conscience que son projet ambitieux n’était possible qu’avec le soutien de l’Allemagne. Il s’est ainsi évertué à réduire le déficit budgétaire et à réformer le Code du Travail afin de s’aligner sur l’Allemagne et impressionner les conservateurs fiscaux.
La stratégie de Macron tombe à plat
Cette opération séduction envers l’Allemagne pourrait avoir coûté à Macron sa popularité auprès des français. Il essuie également les critiques des experts qui dénoncent la réduction du déficit budgétaire retardant les réformes des impôts et donc limite la croissance du pays.
Ces risques auront-ils été pris en vain? Cette stratégie reposait sur un soutien indéfectible de Merkel.
L’extrême droite s’impose au Parlement
En récoltant 13,5% des voix, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a réussi son pari de devancer à la fois les libéraux et les Verts.
L’entrée de 86 à 89 députés au Bundestag représentera un challenge certain pour Merkel. A l’instar du Front National, le parti anti-islam, anti-migrants et climato-sceptique prône des positions traditionnelles sur la famille ainsi que l’annulation de l’accord de Paris sur le climat.