Grâce à l’application “Le Poids des mots”, nous savons à présent quels ont été les mots les plus prononcés par Emmanuel Macron durant les six premiers mois de son mandat. Pour cela, 117 interventions du chef de l’état ont été analysées depuis sa victoire le 7 mai dernier.
Alors que Macron affectionnait particulièrement les mots «Faire» et «Faut» en tant que candidat, ces derniers ont été remplacés par «France» et «Europe». En effet, le Président Macron parle deux fois plus de l’Europe que le candidat qu’il fut.
“Le poids des mots” : qu’est-ce que c’est ?
Lors de la campagne présidentielle de 2017, le magazine Paris Match a mis en place le “Data match”, le premier moteur de de recherche permettant de savoir les mots les plus prononcés par les candidats à l’élection présidentielle de 2017.
Depuis le 30 janvier 2016, la base de données a été construite grâce à la retranscription des interventions écrites et orales des candidats, à savoir les meetings, interviews, émissions de radio et télévision, ainsi que débats télévisés. Après l’élection présidentielle, seules les interventions d’Emmanuel Macron ont été recensées.
Partenariat avec Google Trends
Pour cette étude, un partenariat a été mis en place avec Google Trends dans le but d’utiliser une base de données de 350 discours. Ainsi, plus de 1,7 millions de mots prononcés par les différents candidats à l’élection lors d’interventions écrites et orales ont été analysés.
Après la victoire de Macron, ses 117 interventions ont été intégrées au programme. Pour ceux qui ne connaissent pas Google Trends, le service permet de mesurer le nombre de recherches effectuées par les internautes sur des thèmes choisis.
Le mot “Ensemble” prononcé 578 fois
En tête des mots les plus prononcés par Emmanuel Macron durant ses six premiers mois de son mandat, on retrouve bien sûr “France” (1124 occurrences), “Europe” (1067 occurrences), “Pays” (940 occurrences), “Faire” (894 occurrences), et “Dire”(617 occurrences).
Prononcé plus de 578 fois, “Ensemble” gagne les faveurs de Macron qui utilise ce mot beaucoup plus fréquemment depuis qu’il est Président avec 4,3 occurrences pour 1000 mots contre 1,7 avant l’élection. À 34 reprises en six mois et dans divers contextes, il a indiqué sa volonté de “travailler ensemble”.
Certains mots disparaissent du langage de Macron
A l’inverse le mot “Projet” est utilisé moins souvent, et dégringole de la 8ème à la 49ème place. Alors que le Front National était la cible d’Emmanuel Macron durant sa campagne, il n’en a presque pas parlé durant les premiers mois de son quinquennat. Ainsi, toute une partie de son vocabulaire a disparu après son élection.
La parole d’Emmanuel Macron transformée
Ce changement dans le vocabulaire de Macron s’explique tout d’abord par le fait que la nature de ses interventions a changé radicalement depuis son élection le 7 mai. De plus, les paroles du Président sont beaucoup moins spontanées que celle du candidat, en raison du nombre de déclarations diplomatiques pour lesquelles chaque mot est scrupuleusement pesé.
Que signifient les phrases répétées par le Président ?
Emmanuel Macron affectionne particulièrement certaines formulations, comme par exemple “en même temps”. Pour certains, ce tic de langage traduit un flou de langage visant à ménager une coalition hétéroclite, tandis que d’autres considèrent que cela a pour but de questionner la complexité du réel. Dans tous les cas, le discours macroniste est peu caractérisé par une très grande stabilité de nombreuses expressions associées à l’effacement de la conflictualité.
Macron rate la cible du plus grand nombre
Avec des prises de parole très littéraires et technocratiques à la tribune, Macron perd la faveur des classes populaires. D’un autre côté, un discours très familier et désobligeant critiquant les “fainéants” et “illettrés” enfonce le clou. Résultat, il rate la cible du plus grand nombre et un décalage entre le discours et la réalité se forme : Macron apparaît comme le Président des élites qui se permet d’insulter les classes populaires.
Le mot “Bordel” pour un discours de vérité ?
Tout le monde se souvient du tollé essuyé par Nicolas Sarkozy avec son “Casse-toi, pauv’ con” lancé à un visiteur refusant de le saluer au Salon de l’Agriculture. Emmanuel Macron est également tombé dans le langage grossier avec “ceux qui foutent le bordel”. Macron a ensuite assuré que cette expression n’était aucunement vulgaire mais plutôt “populaire”, avant d’ajouter qu’à l’inverse de élites politiques traditionnelles, il employait un “discours de vérité”.