D’après Marine Le Pen, un retour au franc ne conduirait pas à une dévaluation de la monnaie. On peut douter de cette déclaration. Le Front National ouvertement anti-européen n’a jamais caché ses ambitions d’abandonner la monnaie unique grâce à un référendum.
Selon le parti d’extrême droite, l’euro n’est pas viable en raison des différences de compétitivité entre les pays membres. Revenir aux monnaies nationales permettrait à chaque pays de rétablir leur valeur réelle.
Il s’agit d’un des points les plus débattus de cette campagne présidentielle, qui fait couler beaucoup d’encre. Mais selon les sondages, plus de trois quarts des français s’opposent à un abandon de l’euro.
Retour au franc : combien ça coûterait ?
La sortie de l’euro est depuis plusieurs années l’objectif du Front National, qui n’a cependant jamais chiffré ce que coûterait à la France une telle mesure.
Selon L’institut Montaigne qui se base sur la dépréciation du taux de change, l’abandon de l’euro réduirait le PIB français de €180 milliards et ferait disparaître 500 000 emplois.
Au cours de la première année de retour au franc, le PIB français reculerait de 2,3 % et de 9 % à long terme.
Entre 1.066 et €1.830 par ménage et par an
Selon le Front National, 15 % des dépenses des ménages se fait sur des produits et services en provenance de l’étranger.
Ainsi le coût total de l’abandon de l’euro se chiffrerait entre 1.066 à €1.830 par ménage et par an, ce qui représente entre 7% et 12% d’un smic net à temps plein, ou encre entre 11% et 19% des revenus d’un retraité seul au minimum vieillesse.
Les ménages devraient également subir les effets de la dévaluation sur les administrations françaises : on pense par exemple aux prix des médicaments dans les hôpitaux.
Incidence sur le poids de la dette publique
La sortie de l’euro aurait inévitablement une incidence sur le poids de la dette publique. En effet, la loi exige qu’un contrat de droit national soit réglé dans la monnaie du pays concerné.
Ainsi la situation deviendrait complexe au moment du refinancement de la dette française détenue par ses créanciers qui la détiennent pendant sept ans.
Les intérêts de la dette pourraient ses chiffrer à €30 milliards supplémentaires par an versus €41,8 milliards aujourd’hui. Afin de financer ce surcoût, il faudrait baisser les dépenses publiques ou augmenter les impôts.
Perspective d’une crise financière
L’éventualité d’une crise financière de grande ampleur est crédible. Les dévaluations massives liées à l’abandon de l’euro augmenteraient les prix des importations.
Or, la France étant un pays importateur avec €50 milliards de déficit commercial par an. La perte de crédit de la monnaie entraînerait une hausse des taux d’intérêt, une charge de remboursement très importante et dans le scénario catastrophe la fermeture des marchés financiers.
Qui seraient les gagnants d’un retour au franc ?
Si Marine Le Pen se garde bien de mentionner le coût d’une sortie de l’euro, elle a bien souvent évoqué ses avantages, qui selon elle seraient les suivantes : un coup de pouce pour les exportations, une stimulation de l’emploi ainsi que la relance industrielle.
Le scénario envisagé serait pour la citer une « dissolution concertée » avec les partenaires européens de la France, loin d’une rupture brutale et radiale. Cette sortie permettrait à la France de renouer avec la croissance et de réindustrialiser le pays.
En raison de la dévaluation de la nouvelle monnaie, les produits français seraient beaucoup plus compétitifs pour les pays étrangers.
Ce scénario est-il réaliste ?
Si la sortie de l’euro est possible en pratique, elle est en fait très difficilement réalisable. Aucun procédé officiel ne permet d’exclure un état membre de la zone, encore moins à un pays de se retirer de son plein gré.
Il est impossible pour un état membre de sortir de la zone euro sans sortie de l’union européenne. Ainsi pour quitter la zone euro sans toutefois quitter l’union européenne, la France devra négocier avec l’ensemble de ses partenaires. Cet évènement serait le prémices d’un éclatement de l’UE.