Dans le cadre du référendum de 2016, 52% des électeurs britanniques ont voté en faveur d’un Brexit, soit une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Il s’agit d’un des évènements les plus marquants de l’année, avec l’élection de Donald Trump.
La nouvelle Première Ministre britannique Theresa May n’est pas sans ignorer le fort clivage qui existe entre les partisans et les opposants du Brexit, et a appelé le peuple britannique à l’unité pour 2017 dans le cadre de son premier message de Noël.
Elle a déclaré que la sortie de l’Union européenne serait pour le Royaume-Uni l’occasion de construire une nouvelle stature internationale.
Theresa May a également déclaré son intention de lancer le processus formel de sortie de l’UE au mois de mars, ce qui pourrait prendre jusqu’à deux ans.
Theresa May appelle à l’unité à l’occasion du Nouvel An
A l’occasion de son message de vœux diffusé à la télévision britannique le 1er janvier dernier, Theresa May a promis que la sortie du Royaume Uni de l’UE profiterait à l’ensemble des citoyens britanniques.
En juin dernier, 52% des électeurs avaient voté en faveur du Brexit et 48% contre, créant un fort clivage au sein de la population, accentué par les nombreuses controverses quant aux modalités de sortie de l’UE.
La Première Ministre a d’ailleurs annoncé qu’elle invoquerait l’article 50 du traité de Lisbonne fin mars 2017, en vue d’entamer les négociations de la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
L’union entre les quatre parties du Royaume-Uni a été évoquée
Promettant d’obtenir « le bon accord » pour tous les britanniques, sans pour l’instant donner plus de précisions à cet égard, Theresa May appelle son pays à l’unité. « Ces ambitions nous unissent de telle manière que nous ne sommes plus les 52% qui ont voté ‘Leave’ et les 48% qui ont voté ‘Remain’, mais une grande union de citoyens avec une histoire fière et un avenir radieux », a-t-elle déclaré.
S’engageant à en finir avec les divisions, la Première Ministre aura la lourde tâche de préserver l’union « précieuse » entre les quatre parties du Royaume-Uni. Car, si l’Angleterre et le Pays de Galles ont majoritairement voté pour le « Leave », l’Ecosse et l’Irlande du Nord se sont quant à elles prononcées en faveur du « Remain ».
De fait, l’intégrité du Royaume-Uni est loin d’être assurée, la Première Ministre écossaise ayant même entrouvert la porte à un référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, en déclarant qu’elle ferait tout pour que la volonté de son peuple de rester dans l’UE soit respectée.
La démission surprise de l’ambassadeur Ivan Rogers ravive les tensions
Plus de six mois après le référendum et trois mois seulement avant le déclenchement du processus de sortie, le Royaume-Uni reste donc fortement divisé, et la démission soudaine d’Ivan Rogers, ambassadeur du Royaume-Uni auprès de l’UE, ne fait qu’aggraver la situation.
En désaccord profond avec l’équipe en charge du Brexit, ce spécialiste des arcanes politiques européens a décidé de quitter son poste, regrettant le « manque d’expérience sérieuse » du gouvernement britannique.
Provoquant un mini-séisme au sein de la classe politique, sa décision n’a pas manqué de raviver les tensions entre les partisans du Brexit et ses opposants, et rend désormais peu probable la perspective d’un divorce à l’amiable avec Bruxelles. Ivan Rogers cède sa place à Tim Barrow, ancien ambassadeur de Moscou et diplomate à Bruxelles, qui a pris ses nouvelles fonctions mercredi dernier.
Négociations : dures et compliquées en prévision
Le gouvernement a promis d’actionner l’article 50 du traité de Lisbonne (une première dans l’histoire) dans trois mois, ce qui lancera officiellement le début des négociations entre le Royaume-Uni et les 27 pays membres de l’Union Européenne. Comme l’a fait savoir Le Ministre des Finances, Philip Hammond, ces négociations risquent d’être « dures » et « compliquées » : le divorce « prendra du temps et nécessitera des efforts ».
Celui-ci a par ailleurs affirmé sa volonté de maintenir des liens étroits avec l’UE, essentiellement sur le plan économique et commercial, rappelant que des milliers d’emplois étaient en jeu.
Le gouvernement britannique, qui n’a pour l’heure pas dévoilé sa stratégie entend limiter les dégâts de ce divorce, mais déjà le secteur financier s’inquiète d’une sortie trop brusque, d’un « Brexit dur » qui compliquerait grandement son accès au marché unique européen.
Enfin, notons que le Parlement britannique aura également son mot à dire dans le cadre des négociations : une complication de plus pour le gouvernement, puisque le parlement est majoritairement composé de partisans du « Remain ».
Le sort des expatriés français au cœur des négociations
Un million de citoyens britanniques réside dans des pays membres de l’UE et 3 millions de ressortissants européens sont établis outre-Manche : leur sort se trouve désormais au cœur des négociations du divorce entre le Royaume-Uni et l’Union.
Côté UE, les syndicats de la Commission et du Conseil avaient déjà fait savoir qu’ils soutiendraient les fonctionnaires européens britanniques, et ce avant le référendum de juin.
Quant aux négociations portant sur les expatriés, les leaders des états membres ne les entameront qu’une fois l’article 50 du traité de Lisbonne activé, évitant tout accord bilatéral passé entre le Royaume-Uni et des pays membres de l’UE qui se ferait au détriment des règles communes de l’Union.
Les résultats de l’économie britannique font taire les prévisions, mais jusqu’à quand ?
En attendant les négociations, les résultats de l’économie britannique sont rassurants. Contrairement à ce qui avait été annoncé par de nombreux prévisionnistes, la consommation au lendemain du Brexit s’est portée à merveille.
Les temps ne sont pas si durs, en attestent les bons résultats du secteur de l’automobile : 2,7 millions de véhicules vendus en 2016, du jamais vu. Le Brexit n’a donc pas découragé outre mesure les consommateurs britanniques, et ce alors que les économistes prédisaient une période creuse.
Ces derniers estiment néanmoins que 2017 sera une année plus difficile pour les britanniques : la probable chute de la livre sterling risque d’entraîner une baisse du pouvoir d’achat et les incertitudes entourant les négociations du Brexit pourraient bien décourager les investissements et l’embauche.
Petite note d’espoir pour les britanniques : les prévisionnistes se trompent plus souvent que l’on ne pense (eux qui n’avaient pas vu venir la crise de 2008).