Le 4 septembre 2015, suite à la publication de la photo emblématique du petit Aylan, l’Europe a pris conscience de la gravité de la crise migratoire qui frappait son territoire. Le corps sans vie de l’enfant syrien de trois ans retrouvé sur une plage turque avait fait la une des médias du monde entier, et pousser les pays de l’UE à prendre des mesures pour enfin accueillir des réfugiés. Ainsi, les pays d’Europe ont enfin ouvert les yeux : plus d’un million de réfugiés ont atteint le sol européen en 2015. Malheureusement, jamais les vingt-huit n’ont réussi à trouver un accord, et certains pays refusent toujours catégoriquement d’accueillir qui que ce soit. En Europe, c’est donc chacun pour soi.
Difficile de déterminer l’origine des migrants
Face au grand nombre de personnes qui ont atteint l’Europe depuis 2015, il impossible de déterminer un bilan précis quant à l’origine des migrants. De plus, beaucoup sont mélangés, tandis que d’autres vivent dans la clandestinité et que les moins chanceux ont péri durant le voyage. D’après Eurostat, 306 000 personnes ont demandé l’asile en Europe au deuxième trimestre de 2016, un chiffre en hausse de 6% par rapport au premier trimestre. Toujours d’après l’agence statistique, au deuxième trimestre de 2016, 30% des demandeurs d’asile en Europe étaient syriens, 16% afghans, 11% irakiens et 4% pakistanais.
La plupart des entrées en Europe se font par la Méditerranée
La mer Méditerranée reste la porte d’entrée privilégiée pour les migrants qui souhaitent atteindre l’Europe. Mais la voie terrestre est également largement utilisée, surtout par les afghans et les populations en provenance des Balkans. D’après l’agence Frontex qui surveille les frontières de l’UE, la plupart des entrées illégales sur le territoire européen se font par la Méditerranée centrale, via l’Italie et Malte. Pour des migrants qui ont déjà derrière eux une route semée d’embuches, la traversée en bateau est une nouvelle épreuve, souvent fatale. Frontex ajoute qu’un migrant sur cinq qui tente de pénétrer en Europe passe par l’est de la Méditerranée, via les îles grecques ou par voie terrestre via la Turquie. S’en suit une longue traversée des Balkans pour enfin rejoindre l’Europe du Nord tant convoitée.
Six migrants sur dix ont fait leur demande d’asile en Allemagne
Il est encore une fois impossible de dire avec précision où vont tous ces migrants, et les dépôts de demandes d’asile ne sont que la partie émergée de l’iceberg. On peut néanmoins dégager des tendances. D’après Eurostat, c’est de loin l’Allemagne qui est la plus sollicitée, avec six demandes sur dix au cours du deuxième trimestre de 2016, soit 187 000 demandeurs d’asile. S’en suit l’Italie avec 27 000 demandeurs (6% du total), la France avec 17800 demandeurs (6% du total), la Hongrie avec 12 000 demandeurs (2% du total). Les pays nordiques tels que le Danemark, la Finlande, la Suède, les Pays-Bas et la Belgique ont quant à eux affiché un net recul des demandes d’asiles. Le flux migratoire observé en Europe depuis 2015 est le plus important depuis la deuxième guerre mondiale. Une semaine après la publication de la photo du petit Aylan Kurdi qui a suscité une onde de choc dans le monde entier, Berlin a décidé d’assouplir ses règles quant à l’immigration des ressortissants syriens. Au total, l’Allemagne a accueilli à elle seule 1,1 million de demandeurs d’asile en 2015.
Espace Schengen : ébranlé par l’afflux de réfugiés
C’est l’un des piliers de l’Union Européenne aux côtés de la monnaie unique. Il permet à tout citoyen de circuler librement en Europe, sans aucun contrôle aux frontières. Mais cet espace est aujourd’hui menacé. A cause du camp de Calais, la Belgique a déjà fermé sa frontière avec la France. L’Autriche a également commencé à limiter le nombre de migrants qui entrent sur son territoire, tandis que la Hongrie a érigé des murs de barbelés à certains endroits de sa frontière. Le 13 septembre 2015, face à un flux de migrants trop important, l’Allemagne elle-même se voit débordée et prend la décision de rétablir provisoirement les contrôles à la frontière. Fini le temps où la crise des réfugiés était abordée sous l’angle de la solidarité : les pays européens cherchent aujourd’hui à maîtriser les flux avec un contrôle accru aux frontières. L’humanisme, la solidarité et la paix sont loin des préoccupations des pays. Aujourd’hui, c’est chacun pour soi.
Dix pays «pauvres» accueillent 56% des réfugiés de la planète
Face à tous ces chiffres, il faut garder en tête que ce sont les pays limitrophes aux pays en crise qui accueillent la plus grosse part des migrants : on pense notamment au Liban, dont un quart de la population est désormais constituée de réfugiés. Les dix pays les plus pauvres de la planète, qui réunis représentent 2,5 % du PIB mondial, accueillent la moitié du total de réfugiés dans le monde. Ces pays sont donc contraints d’assumer une responsabilité beaucoup trop lourde pour leur économie déjà fragile, pour la simple raison qu’ils sont voisins d’un pays en crise.
2015 : la Commission Européenne impose des quotas de répartition
La chancelière allemande Angela Merkel a longtemps soutenu l’instauration de quotas de réfugiés pour les pays de l’Union Européenne, un projet qui a finalement été adopté par la Commission Européenne face à l’urgence de la situation. D’après ces quotas, les migrants seraient accueillis selon des critères de répartition bien précis, à savoir la taille du pays d’accueil et sa croissance économique. Ainsi l’Allemagne, la France et l’Italie sont devenus les principaux foyers d’accueil. La Commission Européenne s’est appuyée sur une disposition du traité de Lisbonne, qui lui permet d’établir des « mesures provisoires » en cas « d’afflux soudain de ressortissants de pays tiers ». Mais libres aux états d’accepter ou de rejeter ce dispositif.
« Un nombre terrifiant de réfugiés et de migrants décèdent en mer chaque année ; à terre, les personnes fuyant la guerre ne peuvent poursuivre leur voyage car les frontières sont fermées. » Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.
2016 : 60 millions de réfugiés dans le monde
L’agence des Nations Unies pour les Réfugiés estime que 60 millions de personnes dans le monde sont actuellement réfugiées, c’est-à-dire qu’elles ont fui leur domicile pour diverses raisons, dont la guerre. C’est un chiffre supérieur à celui de 1945, et qui a doublé en cinq ans. Les principaux pays responsables de ces mouvements sont le Yémen, l’Ukraine, le Soudan, le Congo, la Colombie et la Syrie. 21 millions de réfugiés cherchent à l’heure actuelle un abri dans des pays qui ne sont pas les leurs. En 2015, chaque minute 24 personnes ont été contraintes de fuir leur pays. C’est quatre fois plus que dix ans plus tôt.