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Angela Merkel plus que jamais dans la tourmente

En septembre dernier, la chancelière allemande, Angela Merkel a été réélue pour un quatrième mandat, et ce avec seulement 32,9% des voix. Depuis cette date, elle n’a trouvé aucun accord avec les Verts, ni avec les Libéraux pour former son nouveau gouvernement. Les responsables politiques se sont réunis dimanche dernier afin de comprendre la raison de l’échec de la coalition «Jamaïque», qui empêche le pays d’avancer.

Comment l’Allemagne peut-elle sortir de la crise politique sans précédent dans laquelle elle est enlisée ? De nouvelles élections sont-elles inévitables ? La fin de l’ère Merkel est-elle en train de sonner ?

Angela Merkel politiquement affaiblie

Après trois mandats, la chancelière allemande Angela Merkel semble vaciller : la victoire du 24 septembre dernier ne fut pas assez écrasante pour lui donner la crédibilité politique dont elle a tant besoin pour mener le pays. En effet, son parti la CDU-CSU a obtenu seulement 32,9 % des voix, soit le plus mauvais résultat depuis 1949.

En Allemagne 61,4% des personnes interrogées par l’institut Die Welt ont déclaré que Merkel devrait démissionner si la coalition «Jamaïque» était un échec. Dimanche soir, les Verts et libéraux du FDP ont quitté la table des négociations, plongeant l’Allemagne dans une crise politique jamais vue depuis la création de la République Fédérale.

Un bilan sur l’immigration qui déplaît

Ce qui pose problème aux allemands et empêche la coalition jamaïcaine d’aboutir, c’est la politique migratoire de Merkel. Tandis que les Verts avaient promis pendant la campagne électorale de rester intransigeants sur le sujet des regroupements familiaux des réfugiés, le CSU tentait d’imposer un quota migratoire ainsi qu’un plafond annuel de 200 000 entrants dans le pays. La chancelière a accepté ce dernier points et les Verts ne trouvent plus leur place. Au final, personne n’a trouvé d’accord.

Quelles sont les options de la chancelière ?

Angela Merkel dispose de deux options : former un gouvernement minoritaire avec les Verts, ou convaincre le SPD de sortir de l’opposition et s’allier à son parti pour la troisième fois. Le premier scénario est possible, bien que jamais vu en Allemagne et qu’il ferait de la vie de Merkel un enfer au quotidien, la contraignant de négocier sur tous les sujets.

Si elle choisit la deuxième option, le SPD sera en position de force et pourra menacer de quitter la coalition à chaque désaccord. Dans tous les cas, l’issue s’annonce difficile pour la chancelière qui doit se préparer à une sortie sans gloire.

Merkel a encore des cartes à jouer

Au pouvoir depuis 2005, Angela Merkel voit apparaître les premières limites de son idéologie basée sur un pragmatisme sans limite, ainsi qu’une flexibilité idéologique maximale. Malgré sa mine fatiguée, la chancelière a assuré aux journalistes dimanche dernier que démissionner n’était aucunement dans ses intentions, pour ajouter «Je ne suis pas amer, je réfléchis».

De nouvelles élections sont dangereuses

Dans le cas où les négociations échouent, les nouvelles élections qui s’en suivent ouvrent la voie à l’instabilité et l’incertitude, non seulement pour l’Allemagne mais également pour toute l’Europe.

Le parti d’extrême droite pourrait profiter de la montée du nationalisme pour revenir en force. Aujourd’hui, des élections anticipées restent l’issue la plus probable pour le début de 2018, alors qu’Angela Merkel a exclu l’idée d’un gouvernement minoritaire.

Un nouveau scrutin ne résout pas le problème

Angela Merkel le sait bien, il n’est pas garanti que le nouveau résultat d’un vote soit différent du précédent. De nouvelles élections pourraient même aggraver la situation et favoriser le nouveau parti populiste d’extrême droite AfD.

Au vu de la popularité affaiblie de la chancelière allemande et de son autorité plus fragilisée que jamais, serait-elle légitime dans l’organisation de nouvelles élections ? Dans les couloirs de la CDU, ses rivaux aiguisent leurs couteaux et les bruits courent qu’il est temps de “passer le flambeau”.

Qu’est-ce qu’une coalition “jamaïcaine” ?

Cette expression fait référence aux couleurs symboliques de chaque parti politique formant le drapeau de la Jamaïque : jaune pour les Libéraux du FDP, noir pour le parti conservateur CDU-CSU et vert pour les Écologistes (Grüne en allemand).

Il s’agit d’une alliance inédite et jamais vraiment expérimentée à grande échelle. En réalité, cette coalition apparemment contre-nature n’existe qu’au niveau régional et depuis le printemps au sein du petit état de Schleswig-Holstein.

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