Après avoir été accusé de viol, le Ministre du Budget Gérald Darmanin affirme “les yeux dans les yeux” ne “jamais avoir abusé d’une femme ou de son pouvoir”.
Cela vous rappelle quelque chose ? Jérôme Cahuzac avait employé les mêmes mots malheureux en 2012 lorsqu’on l’a accusé de dissimuler un compte bancaire en Suisse. Mais au coeur de cette affaire, on retrouve une ancienne call-girl, Sophie Spatz.
Le Ministre du Budget accusé de “viol par susprise”
Si la notion peut prêter à rire, elle est bien mentionnée dans le droit français. Le viol par surprise est défini par l’article 222-23 du code pénal. Sophie Patterson Spatz, ancienne call girl de 46 ans, l’accuse d’avoir offert son appui politique en échange d’actes sexuels.
Les faits remontent à 2009. Darmanin était Chargé de mission au services des affaires juridiques de l’UMP, lorsque Mme Patterson Spatz lui demande d’annuler une condamnation à son encontre.
Selon le mari de la plaignante Pierre Spatz, Darmanin aurait promis de faire avancer son dossier à condition qu’elle accepte de dîner avec lui. Mais cela ne s’arrête pas là : il l’aurait ensuite emmenée dans le club libertin Les Chandelles puis à son hôtel où elle l’aurait suivi à contrecoeur. Il l’aurait ensuite forcée à avoir des relations sexuelles.
Huit mois plus tard, la plaignante se décide à révéler l’histoire à l’UMP où personne ne la reçoit. C’est lorsque Darmanin est nommé Ministre qu’elle dépose plainte. Elle refuse pourtant de se rendre au commissariat, et ce à plusieurs reprises. L’affaire est donc classée sans suite en 2017 “pour absence totale d’infraction”.
La plaignante porte plainte en 2018
La plaignante contacte une nouvelle avocate qui lui conseille de déposer une nouvelle plainte pour viol “par surprise”, ce qu’elle fait en janvier 2018. Cette fois, elle se rendra au commissariat et sera entendue par les enquêteurs durant huit heures.
Ancienne call girl, Sophie Spatz est née sous le nom Olga Patterson. En 2004, elle est condamnée à 10 mois de prison avec sursis et €15 000 de dommages et intérêts pour chantage, menace de crime et appels malveillants.
En réponse à ces allégations jugées “infâmes”, Darmanin avait à l’époque déposé une plainte pour dénonciation calomnieuse. L’affaire fut rouverte lors d’un envoi de courrier par la plaignante en janvier 2018, puis finalement classée sans suite une deuxième fois, la justice étant incapable de prouver l’absence de consentement.
L’expression malheureuse utilisée par Darmanin, à savoir “les yeux dans les yeux” rappelle l’interview menée sur le même plateau par Jérôme Cahuzac en 2012. On avait alors demandé à l’ancien Ministre du Budget s’il possédait ou non un compte en Suisse. Ce dernier avait répondu en mentant. Cahuzac avait répété l’expression lors de son procès en septembre 2016, au cours duquel il a avoué “avoir menti au Président de la République les yeux dans les yeux”.
Une affaire classée sans suites
Si le parquet de Paris a finalement classé l’affaire de viol sans suite, Gérald Darmanin est à nouveau poursuivi par la justice, cette fois pour abus de faiblesse. Une habitante de la ville de Tourcoing, dans le Nord, l’accuse de lui avoir fait des avances sexuelles en échange de faveur sur un dossier. Le Ministre du Budget était alors Maire de Tourcoing, position qu’il a occupée de 2014 à 2017.
Occupant un logement peu salubre, la plaignante aurait demandé à être relogée auprès de Gérald Darmanin. Ce dernier lui aurait proposé de l’aider en échange d’avances sexuelles. Cela vous rappelle quelque chose ?
Pour le moment l’enquête se poursuit. Malgré cette nouvelle accusation, Gérald Darmanin a déclaré exclure l’idée de démissionner. Il a ajouté avoir la confiance du Premier Ministre et du Président de la République, pour assurer “ne jamais avoir abusé d’une femme ou de son pouvoir” et être “tranquille comme Baptiste”.
Nicolas Hulot accusé lui aussi de viol
Le Ministre de la Transition Energétique a lui aussi des accusations de viol à son encontre. Cette fois la plaignante n’est pas une inconnue : il s’agit de la petite-fille de François Mitterrand, Marie Mitterrand. Elle avait porté plainte en 2008, avant que l’affaire ne soit classée sans suite. Selon son avocate, la plaignante n’aurait pas souhaité médiatiser l’affaire.