Pour la première fois depuis son arrivée à l’Elysée, Emmanuel Macron est confronté à un conflit social de grande ampleur. La grève SNCF débutée le 3 avril dernier représente un véritable test pour son gouvernement, qui a promis de ne “rien lâcher”.
En bref, le Président a promis de réformer le pays, et il ne reculera pas, à commencer par le statut des cheminots. Nous faisons aujourd’hui le point sur les 5 principales raisons de cette grève.
Les 5 éléments déclencheurs de cette grève
1. Le statut des cheminots
Le statut de cheminot pèse lourd dans les comptes de la SNCF, et c’est pour cette raison que son extinction est le premier sujet de discorde entre les syndicats et le gouvernement. Selon le Premier Ministre, Edouard Philippe, à cause de ce statut, il serait 30% plus cher qu’ailleurs de faire rouler un train en France. Le but est donc de le supprimer progressivement pour les futures recrues.
2. La dette de la SNCF
Certes, l’état et des régions contribuent à €10 milliards par an pour soutenir le système ferroviaire. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir une dette de €47 milliards. Rien que les intérêts se chiffrent à un milliard par an. La CGT souhaite que l’état reprenne cette dette, tandis que le gouvernement est soucieux de ne pas creuser le déficit public.
3. La réforme des retraites
Jusqu’à aujourd’hui les cheminots n’ont pas cotisé au régime général de retraite mais à des régimes spéciaux, contrairement aux salariés du privé. Par souci d’économie et d’égalité, Emmanuel Macron souhaite fusionner les 25 régimes spéciaux existants dès 2019. Mais le bastion cheminot reste son principal obstacle.
4. Ouverture des lignes à la concurrence
L’ouverture à la concurrence qui doit s’étaler de 2019 à 2033 signe la fin du monopole de la SNCF. Les états membres de l’Union Européenne ont jusqu’à fin 2018 pour modifier leurs lois et les adapter à l’ouverture du trafic voyageur à la concurrence.
Concrètement, cela signifie que dès 2020 la SNCF ne sera plus la seule société à faire circuler ses trains sur les lignes à grande vitesse. En ce qui concerne les TER, les appels d’offres seront lancés avant 2023.
Cette réforme ne constitue pas une privatisation mais vise à libérer le secteur ferroviaire et mettre les acteurs privés sur un pied d’égalité avec la SNCF. Cette vision suscite des inquiétudes auprès des défenseurs du service public.
5. La crainte d’une privatisation de la SNCF
Les syndicats craignent que la transformation de la SNCF en une société anonyme et son ouverture à la concurrence ne conduise à une privatisation. Si le Ministre du Budget, Gérald Darmanin a démenti tout projet de privatisation et a garanti une ouverture à la concurrence très progressive, les syndicats sont sur le qui-vive.
Une grève pour combien de temps ?
A l’initiative de la CGT, l’Unsa, et la CFDT le “mouvement dur” a débuté le mardi 3 avril. Il pourrait continuer jusqu’au 28 juin si les syndicats le décident. En ce qui concerne la SNCF, la mobilisation n’aura pas lieu chaque jour mais deux jours sur cinq. C’est ce qu’on appelle une “grève perlée”.
Quelle est la réaction du gouvernement ?
En fustigeant l’attitude des syndicats, la Ministre des Transports, Elisabeth Borne a annoncé la couleur. Si elle a assuré que l’ensemble des garanties seront données aux cheminots, elle a été ferme sur un point : le gouvernement sera à l’écoute mais ne reculera pas.
En bref, les réformes ne sont en aucun cas négociables, seules les modalités le sont. Edouard Philippe a enfoncé le clou en déclarant que le le « statu quo » à la SNCF était inacceptable pour le gouvernement.
Emmanuel Macron a promis aux français de transformer le pays, et il ne reculera pas. Pour cela, il compte sur l’opinion publique : il est essentiel d’éviter que la colère des usagers de la SNCF ne se retourne contre le gouvernement. L’enjeu est important. Si le gouvernement recule face aux cheminots un an après l’investiture, il sera pieds et poings liés par la suite.