Finies les années où la « French Tech », lancée il y a cinq ans, avait le vent en poupe… Après de nombreux lancements infructueux et une large condamnation de la fausse « coolitude » dans cette industrie, de nombreuses start-ups ont mis la clé sous la porte. La licorne, animal sacré de l’écosystème des start-ups – soit une start-up évalualée à plus de $1 milliard, serait-elle en voie de disparition en France ?
Appuyée par un réseau installé dans plus d’une quinzaine de villes en France et à l’étranger, l’initiative de la « French Tech » lancée en 2013 pourrait bien porter ses fruits cette année, selon certains experts. Pourtant, les investisseurs étrangers se montrent hésitants.
La « coolitude » impitoyable
Alors que le taux de réussite d’une start-up est de seulement 10%, l’image gratifiante de la vie d’entrepreneur a pris du plomb dans l’aile. Promues comme des « endroits cools » comme à l’époque de la bulle Internet à la fin des années 1990, les start-ups n’attirent plus comme avant. De nombreux ouvrages ont dépeint un univers impitoyable, où le burn-out et la misogynie sont légion, tels que le décrivent les livres Brotopia d’Emily Chang et Bienvenue dans le Nouveau Monde de la française Mathilde Ramadier.
De plus, les succès français longtemps admirés tels que Blablacar ou encore Giroptic sont dans la tourmente. Selon le journal de l’Economie, Blablacar ne cesse de perdre de l’argent et refuse de communiquer son chiffre d’affaires. En janvier dernier, c’est Giroptic, une entreprise de vidéo à 360 degrés longtemps admirée par Mark Zuckerberg lui-même, qui a mis la clé sous la porte.
Rayonner à l’international : le défi français
Pour attirer les capitaux étrangers en France, quoi de mieux que de créer des lieux qui les accueillent ? Le lancement de Station F, l’incubateur de start-ups le plus grand au monde et inaugurée par le Président de la République Emmanuel Macron, avait enthousiasmé les professionnels du secteur, dont Facebook et Microsoft qui y ont installé des bureaux.
Hier encore, la maison des start-ups de LVMH a lancé un programme qui accueillera plus de 50 start-ups internationales par an. Dans le but même d’attirer les cerveaux étrangers, la station ouvrira bientôt une centaine de logements partagés.
Pour autant, certains spécialistes restent dubitatifs quant à l’avenir de la French Tech. C’est le cas de Nicolas Rose, partner au fonds XAnge, qui décrit à La Tribune l’échec de Giroptic, car si, comme il le dit « les start-ups sont des entreprises comme les autres », d’autres voient depuis les Etats-Unis un échec de la culture française à s’ouvrir au monde.
La French Tech… Trop française ?
Comme le rapporte FrenchWeb, la France est encore trop tournée vers son marché intérieur. Le constat de la revue spécialisée montre aussi des start-ups trop perméables aux changements et dont la valeur est souvent surestimée. Dans une interview pour le même site, Carlos Diaz, co-fondateur de The Refiners, tire la sonnette d’alarme en peignant la French Tech comme souvent trop complaisante et peu à même d’évoluer, au risque d’échouer. Il encourage les jeunes entrepreneurs à s’ouvrir à d’autres cultures pour faire évoluer leurs projets.
Cette semaine pourrait bien marquer un tournant pour l’entreprenariat français. Certaines pépites seront présentées au salon international SXSW sur le stand de la French Tech. De nombreux visiteurs ont d’ores-et-déjà remarqué qu’il était plus petit que celui de l’année dernière. Le programme parie sur la start-up parisienne de réalité virtuelle Histovery et le spécialiste de réunions Klaxoon pour retrouver de sa superbe.