Il avait promis la refonte complète du système d’asile et d’immigration français, quitte à être accusé de porter atteinte au droit d’asile. En visite à Calais le 16 janvier dernier afin de défendre sa politique controversée, Emmanuel Macron est resté imperturbable face aux critiques.
Selon lui, Calais ne sera plus une porte d’entrée dérobée vers le Royaume-Uni. Quelques jours seulement après avoir présenté son projet de loi, le Président a réaffirmé ses grands principes et expliqué sa politique de dissuasion envers les migrants.
L’essentiel de la visite de Macron à Calais
- Selon Emmanuel Macron, une nouvelle « jungle » « ou une quelconque occupation illégale du territoire français » ne se reproduira pas à Calais ou ailleurs. La ville de Calais ne doit plus être considérée comme une porte d’entrée clandestine vers l’Angleterre.
- Alors que l’approvisionnement en nourriture aux migrants présents à Calais était jusqu’à maintenant assurée par des associations, ce sera dorénavant le rôle de l’état.
- Lorsque la « jungle » a été démantelée en octobre 2016, 7 400 migrants ont été déplacés. Aujourd’hui, il seraient toujours entre 300 et 600.
Emmanuel Macron reste de marbre à Calais
La visite du chef d’état à Calais s’est faite sur fond de critiques très violentes quant à la loi immigration préparée par le gouvernement. Comme expliqué par son entourage, il n’est pas dans l’émotion mais dans l’action. Selon lui “la frontière est fermée et Calais ne peut plus être une destination pour les migrants”.
Malgré la médiatisation de l’évènement, accueillir le Président de la République n’a pas été une expérience positive pour la ville de Calais. En effet, force est de constater que la crise migratoire est loin d’être finie et que ces problèmes continuent de porter préjudice à la ville.
Un peu plus d’un an après l’évacuation de la “jungle” de Calais, 600 migrants essaient toujours de passer en Grande-Bretagne, et ce dans des conditions très difficiles. D’un autre côté, selon la version officielle la situation s’est considérablement améliorée.
Alors que 8000 migrants ont été évacués à Calais lors du démantèlement de la “jungle” en 2016, il en reste aujourd’hui 600. Ils seraient très jeunes, et en majorité éthiopiens, pakistanais, érythréens et afghans.
Projet de loi de refonte de la politique migratoire
Annoncé le 12 juillet 2017 et présenté au Conseil des Ministres en février, le projet de loi vise à garantir le droit d’asile tout en maîtrisant davantage les flux migratoires. Cinq axes seront mis en place pour cela : la maitrise des flux, l’amélioration du traitement des demandes ainsi que des conditions d’accueil, la lutte accrue contre l’immigration clandestine, la refonte de la politique d’intégration et enfin l’attrait des compétences. En bref, le cadre légal sera durci pour faciliter le retour forcé des migrants.
Selon les associations des droits de l’Homme, ces mesures seraient au mieux coercitives et s’inquiètent du respect du droit d’asile. Le raccourcissement du délai de dépôt de demande d’asile et le doublement de la durée maximale de séjour en centre de rétention sont particulièrement problématiques. Face à l’ampleur des critiques, il est possible que le texte de loi soit modifié.
Sur le point de l’immigration et l’asile, la politique d’Emmanuel Macron serait encore plus dure que celle de Nicolas Sarkozy. D’après les spécialistes, le but est ici de donner un signal, de montrer aux migrants que la France n’est plus une terre d’accueil. Il s’agit d’une ligne qu’aucun de se prédécesseurs n’a jamais franchi, et même du temps de Besson ou Valls où on laissait les campements s’installer pendant quelques semaines, voire quelques mois pendant l’hiver.
Macron et May : un traité sur l’immigration
Jeudi 18 janvier, Emmanuel Macron et Theresa May ont signé un traité sur le contrôle de l’immigration entre le Royaume-Uni et la France, visant à renforcer la gestion conjointe de la frontière commune des deux pays. Pour ce faire, le frontière restera à Calais et les contrôles conjoints toujours entre les autorités, mais avec des procédures accélérées pour les questions concernant les mineurs.
Alors que ce traité complète les accords du Touquet de 2003, Londres a accepté d’accroître de manière substantielle sa participation financière. Pour les migrants, le message est clair : la frontière de Calais est infranchissable.