Après avoir rencontré des représentants kurdes jeudi, Emmanuel Macron aurait décidé d’envoyer des soldats à Minbej. D’après un communiqué de l’Elysée, le chef d’état a assuré aux combattants arabes et syriens du “soutien de la France”. La France aura tergiversé pendant plus de deux mois avant de finalement intervenir dans le conflit et d’empêcher une offensive turque.
Alors que le président turc s’est dit prêt à élargir l’offensive contre la milice kurde dans le pays, les occidentaux s’inquiètent de plus en plus. La Syrie est aujourd’hui en guerre depuis 8 ans, et sans aucune éclaircie en vue.
Priorité : « Prévenir toute résurgence de Daech »
Selon Emmanuel Macron, le but de toute intervention serait dans l’immédiat de « prévenir toute résurgence de Daech” tant que le conflit syrien n’est pas résolu.
Il a ainsi garanti aux FDS le soutien de la France pour stabiliser la zone très sensible au nord-est de la Syrie et y instaurer une gouvernance inclusive et équilibrée. Avec cette décision, Emmanuel Macron réaffirme l’engagement de la France contre le principal mouvement kurde en Turquie, le PKK.
Grâce à leur milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), durant le conflit syrien les FDS ont joué un rôle crucial pour déloger l’ancien fief du groupe Etat islamique dans le pays et Deir Ezzor. Si on ne connaît pas exactement le volume déployé, on sait que des forces spéciales françaises sont déjà stationnées en Syrie.
En huit ans, la guerre en Syrie est passée de petit conflit interne à une confrontation frontale entre les Etats-Unis et la Russie. Au fil des années, la Syrie est donc devenue le principal terrain d’affrontement entre les deux grandes puissances.
En éloignant la Turquie de l’Otan et en replaçant la Russie comme acteur de premier plan en Méditerranée orientale, la crise syrienne remodèle les alliances régionales et internationales.
Une guerre qui sévit depuis 8 ans
Depuis le début de la guerre en mars 2011, entre 350 000 et 500 000 personnes ont été tuées en Syrie. Parmi elles, de nombreux civils. Dans un pays qui comptait avant le conflit 23 millions de personnes, la moitié d’entre elles a été déportée à cause des combats.
D’après les chiffres du HCR publiés au mois de février, pas moins de 6,5 millions de syriens seraient actuellement déplacés à l’intérieur du pays. En 8 ans l’espérance de vie a diminué de 20 ans dans le pays, tandis que le taux de chômage a explosé à 60%.
Aujourd’hui, presque 60% du territoire de la Syrie est tombé dans les mains du régime de Bachar al-Assad. Avec le soutien militaire de la Russie et de l’Iran depuis 2014, le pouvoir en place a reconquéri certaines parties du territoire, mais cela n’a pas été suffisant pour éradiquer les Kurdes et l’Etat islamique.
Il a été estimé que durant les combats de 2017, 7% des logements du pays ont été totalement détruits, tandis que 20% ont été endommagés. D’après la Banque Mondiale, cela représente un coût de $226 milliards pour la Syrie, soit 4 fois son PIB de 2010.
Du côté des relations diplomatiques, l’ensemble des états occidentaux s’est détourné du régime de Bachar al-Assad. Sous François Hollande notamment, le régime de Damas était devenu l’ennemi. Au total, 60 acteurs ont été impliqués dans cette guerre. On retrouve d’un côté les alliés du dirigeant syrien la Turquie, la Russie et l’Iran, et de l’autre la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis ou encore la Belgique.
Nombre d’enfants tués : + 50% en 2017
Selon l’OSDH, en huit ans 20 000 enfants ont été tués dans le conflit syrien, chiffre qui s’accélère chaque année. Les enfants représenteraient d’ailleurs 20% des victimes de la guerre.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme ajoute que dans l’offensive menée contre le site rebelle du Ghouta oriental depuis février, pas moins de 200 enfants ont été tués. À en croire l’Unicef, 3,3 millions d’enfants seraient exposés à des engins explosifs dans le pays.