L’inventeur du meuble en kit et fondateur d’IKEA, c’était lui. IKEA. Ingvar Kamprad s’est éteint à l’âge de 91 ans, laissant derrière lui un empire tentaculaire et une fortune estimée à €37,3 milliards.
Aujourd’hui, la Suède est en deuil pour ce symbole national qui avait réussi à exporter et faire connaître le pays.
Certains vont jusqu’à dire qu’il a “placé la Suède sur la carte du monde”. S’il faisait partie du club très fermé des multi-milliardaires, Ingvar Kamprad était connu pour mener une existence simple et frugale.
Le créateur du meuble en kit
C’est en 1943 que l’histoire IKEA commence. Peu désireux de poursuivre des études, Ingvar Kamprad n’a que 17 ans lorsqu’il se lance dans les affaires. Il livre à vélo des allumettes, des stylos et produits de décoration achetés en gros à Stockholm, et revendus à des prix défiant toute concurrence.
En 1947, il commence à vendre des meubles alors fabriqués par des artisans de sa ville natale, pour diffuser son premier catalogue quelques années plus tard. C’est seulement en 1956 qu’un employé lui donnera l’idée d’enlever les pieds d’une table pour la faire livrer : le concept du meuble IKEA en kit qui fera sa fortune est né.
Prix bas, standardisation, chasse au coût et autofinancement deviennent ses principes de base. Du côté du concept, Ingvar Kamprad fait des profits en vendant les produits fabriqués par d’autres. La société repose dès le début sur une idée simple : permettre à la classe moyenne de se meubler au prix le plus bas possible, quitte à ce qu’elle assemble les meubles elle-même.
Mais là où la société se différencie vraiment des autres, c’est grâce à son engagement social : Ingvar Kamprad aimait à rappeler que “les gens positifs sont toujours ceux qui gagnent”, de par leur humilité, leur simplicité et leur parcimonie.
Apparu en 1951 pour la première fois, le catalogue IKEA est à présent diffusé à 250 millions d’exemplaires dans le monde, dans une trentaine de langues et sur cinquante marchés. La seule édition de 2018 sera envoyée à un suédois sur trois, soit 10 millions de personnes.
Une fortune estimée à €37,3 milliards
Sa fortune colossale le classait au troisième rang des hommes les plus riches d’Europe. Dès les années 1970, l’expansion internationale débute et des magasins ouvrent en France, en Suisse, en Australie, au Canada, en Russie, en Asie et aux Etats-Unis. Aujourd’hui, IKEA possède 403 magasins dans le monde et emploie 190 000 personnes pour un chiffre d’affaires annuel de €38 milliards.
Malgré sa fortune colossale, Kamprad affichait depuis toujours une proximité avec ses origines modestes. Il a toute sa vie conservé un mode de vie frugal : carte de fidélité au supermarché, voyage en classe économique, recyclage des sachets de thé ou visite aux marché aux puces étaient son quotidien.
IKEA : une structure juridique très floue
En matière d’optimisation fiscale, Ingvar Kamprad était pionnier. Si l’ensemble des fonctions exécutives de sa société étaient basées en Suède, IKEA est légalement localisée dans quatre pays différents : les Pays-Bas, le Luxembourg, la Suisse et le Liechtenstein.
Ingvar Kamprad a toujours réussi à éviter l’introduction en Bourse grâce à une stratégie d’optimisation fiscale poussée à l’extrême et basée sur un système complexe de sociétés écran situées dans de nombreux paradis fiscaux.
En décembre 2017, la Commission Européenne a décidé d’ouvrir une enquête contre le fabricant de meubles en kit, l’accusant d’évasion fiscale. Bruxelles compte bien effectuer une analyse minutieuse du traitement fiscal appliqué par les Pays-Bas, qui serait loin d’être conforme aux règles européennes.
La bataille a commencé pour l’héritage
Ingvar Kamprad avait pensé au futur d’IKEA avant sa mort, bien avant… Il souhaitait à tout prix éviter le dépeçage de son entreprise par ses enfants, les guerres d’héritage ainsi que les frais de succession. Alors que les drames ont très tôt touché sa famille, il aurait développé une obsession pour la mort.
A la retraite depuis 2010, Kamprad avait laissé la place à ses fils qui ont depuis longtemps contesté les droits de marque ainsi que le pourcentage sur les ventes. Ils réclamaient ainsi que 2,1 à €3,2 milliards d’euros soient versés à la fondation familiale.