Smartphones interdits, semaine de quatre jours, dédoublement des classes… La rentrée 2018 sonne l’heure de nouvelles réformes qui risquent bien de chambouler la société française.
Alors que certains alertent sur le dédoublement des classes, d’autres critiquent les évaluations dès le CP.
Selon les experts, elles encourageraient la compétition entre les écoles et la prise en charge des élèves les plus faibles par des cours privés, moyennant des dépenses supplémentaires pour les parents.
Voici un aperçu de ce qui attend enfants et parents pour cette rentrée 2018.
Le prix des fournitures en hausse
Pour démarrer cette rentrée, une mauvaise nouvelle : la hausse du coût des fournitures. Celles pour un écolier qui rentre en classe de CP coûteront en moyenne €165,70, soit €15 de plus que l’an dernier.
Pour chaque écolier ou collégien, le prix des fournitures scolaires s’élèvera à €194,62, soit 3% de plus que l’année dernière.
Pour couvrir ces frais, plus de la moitié des parents en France avouent qu’ils doivent ponctionner sur leurs propres économies : les frais scolaires excluent les frais vestimentaires, d’environ €300 par enfant. Les voyages scolaires eux, coûteront en moyenne près de €1 000 par enfant.
La semaine de quatre jours
Réforme la plus redoutée : la semaine de quatre jours. Plus de huit écoliers sur dix vivront à ce rythme dès cette semaine. Une réforme qui satisfait les communes, allégées des coûts d’une demie-journée de classes, soit environ €260 par enfant et par an et par commune.
Pourtant, les experts tirent la sonnette d’alarme : les élèves les plus fragiles seront pénalisés. Ceux qui viennent de classes sociales défavorisées n’auront pas les moyens de s’inscrire à des activités extra-scolaires – dont les frais s’élèvent en moyenne entre €436 et €573 pour cette année par enfant.
Ainsi, près de 14% d’un des deux conjoints réduira son temps de travail pour s’occuper de son enfant, fautes de moyens pour payer les activités extra-scolaires. Une situation qui devrait lourdement se répercuter sur la consommation des ménages. Parmi l’opposition, on questionne même les intentions de cette réforme.
Selon le Parti Socialiste, la réforme Blanquer, sonne « le retour à l’école du tri scolaire, du tri social et du tri territorial. Il conforte dans l’échec ceux qui ont besoin d’une demi-journée supplémentaire pour apprendre, qui ne sont pas aidés à la maison et qui accumulent des retards dès leur entrée à l’école », publie le parti dans un communiqué.
Le gouvernement lui, rappelle que la France reste le pays où l’on compte le plus d’heures de cours dans le primaire en Europe, et qu’une demie-journée n’aura pas beaucoup d’incidence sur l’économie.
De nouvelles évaluations dès le CP
L’annonce d’évaluations dès le CP, CE1, sixième et seconde a divisé le parti au pouvoir lui-même, mais a également suscité de nombreuses questions au sein des enseignants. Comment garantir la réussite de tous les élèves, alors que le nombre d’enseignants diminue ?
Selon les enseignants, ces évaluations réduiront la liberté pédagogique, favorisant le « bachotage » dès le premier âge et réduira la curiosité des enfants, comme l’explique Francette Popineau dans 20 Minutes. Pour apprendre davantage, il faudra faire appel à des cours privés.
Les responsables de cours particuliers se frottent d’ailleurs les mains : ces évaluations seront l’occasion pour bon nombre d’entres eux de proposer de nouveaux forfaits. Il faut compter, au bas mot, €35 de l’heure et par enfant, soit €420 par mois et par matière. Un budget que de nombreuses familles n’auront pas les moyens de se permettre.
Les écoles mises en compétition
Bien qu’étant publiques, les écoles seront mises en compétition dès les plus petites classes, favorisant ainsi les bons élèves et mettant en difficulté ceux dont les parents n’auront pas les moyens d’avoir recours à des cours privés pour une mise à niveau.
« Nous craignons que les évaluations servent même à asseoir le salaire des enseignants », a noté Francette Popineau. En France, le salaire d’un enseignant débutant est de €1 666 nets par mois.
De son côté, le gouvernement s’est déclaré confiant, appuyant les résultats de classes-tests où les résultats ont été « très satisfaisants », comme le précise le Ministère de l’Education Nationale.
Des réformes difficiles à appliquer
Autre mesure phare de l’ancien candidat à la présidentielle : le dédoublement des classes.
Déjà en mis en place dans les pays scandinaves, le dédoublement des classes dans les Zones d’Education Prioritaires (ZEP) permettrait, selon les experts, une augmentation du salaire de chaque élève d’environ 5% lorsqu’il rentre dans la vie active.
Pour le gouvernement, l’objectif est d’accompagner au mieux les enfants des classes populaires, surtout pour les classes décisives, comme le CP et le CE1, où les écoliers apprennent à lire, écrire et compter.
Pourtant, les enseignants s’inquiètent de ces réformes, trop difficiles à tenir selon eux. Dans certaines communes, le manque d’instituteurs pour raison budgétaire forcera les classes « dédoublées » à fusionner.
Contactés par le Huffington Post France, de jeunes enseignants qui préparent leur première rentrée se sont décrits « très angoissés » – une des jeunes institutrices a dit « tâtonner » quant au programme et à la pédagogie pour ses premiers cours.