AccueilÉconomieRéforme SNCF : le dossier brûlant d'Emmanuel Macron

Réforme SNCF : le dossier brûlant d’Emmanuel Macron

Grâce à son activité voyages et à une meilleure efficacité opérationnelle, la SNCF aurait affiché d’excellentes performances en 2017. Sur l’année, le chiffre d’affaires du groupe a progressé de 4,2% pour atteindre €33,5 milliards.

Mais cela ne semble pas assez pour Edouard Philippe qui s’alarme de la situation inquiétante du groupe et demande des réformes au pied de guerre. Les syndicats sont ulcérés et menacent d’une grève sans précédent.

SNCF : une dette de €46 milliards

D’après les dirigeants du groupe, la discipline financière de la SNCF couplée à sa meilleure efficacité opérationnelle lui aurait permis de générer €830 millions de gains de productivité en 2017. Le résultat net est de €679 millions.

On peut citer les performances de SNCF Mobilités qui grâce à Ouigo a totalisé un chiffre d’affaires de €31,8 milliards, ce qui représente une hausse de 4,7% par rapport à 2016. L’activité voyages à elle seule a progressé de 8,6% par rapport à 2016.

Malgré tout, il semble que ces résultats optimistes ne soient pas suffisants pour redresser la situation financière du groupe qui présente une perte nette de €157 millions. Sa branche SNCF Réseau est lourdement endettée, à hauteur de €46,6 milliards à la fin de l’année 2017.

Réforme : projet à haut risque

Edouard Philippe a annoncé la fin du statut de cheminot, très contesté depuis des dizaines d’années. D’après un sondage Harris Interactive, 66% des français sont d’ailleurs favorables à sa suppression, tandis que 54% d’entre eux sont favorables à la réforme de la SNCF. Pour 69% d’entre eux, elle permettra de réduire la dette de la société qui approche aujourd’hui les €47 milliards.

Alors que le Premier Ministre a assuré ne pas vouloir “aller au conflit” avec les syndicats, le patron de la CGT n’a pas mâché ses mots lors de sa déclaration mardi. Selon ses dires, le gouvernement peut craindre un mois de grève si la réforme annoncée le 26 février est bien mise en place.

Certes, le pays peut potentiellement être paralysé par les grèves pendant plusieurs semaines, mais le gouvernement peut compter sur l’impopularité croissance de la SNCF. L’opinion publique semble être en faveur de la réforme de la SNCF, une société jugée comme trop protégée.

S’il réussit à imposer cette réforme, le gouvernement aura les mains libres pour la réforme des retraites. Le 15 mars prochain, les organisation syndicales de la SNCF se réuniront pour discuter d’une réponse commune à la réforme.

Libéralisation de l’économie du pays

Alors qu’Emmanuel Macron est en baisse dans les sondages, la réforme de la SNCF représente un test pour les réformes encore plus délicates qui auront lieu dans les prochains mois : on pense bien sûr à celle des retraites ainsi qu’à celle de la fonction publique.

Selon l’analyste politique Philippe Moreau-Chevrolet, Macron serait en train d’imposer en France le même modèle que Margaret Thatcher au Royaume-Uni dans les années 80.

Cette dernière avait brutalement déclenché un conflit avec le syndicat des mineurs et avait gagné son statut de “Dame de fer” en remportant ce combat. Cela avait permis de libéraliser l’économie du pays.

La France va t-elle revivre la grève de 1995 ?

La CGT-Cheminots a d’ores-et-déjà annoncé la couleur en confirmant qu’elle était prête à “un mois de grève”, afin de “faire plier le gouvernement” au mois de mars. Ce que craint le gouvernement, c’est de faire face à une grande grève comme celle qu’a vécu le pays en 1995 lorsque Alain Juppé a essayé de réformer le système des retraites pour les fonctionnaires. La France avait alors connu trois semaines de grève non stop, soit son mouvement social le plus important depuis mai 1968.

Afin que la France revive la grève de 1995, certains ingrédients doivent être présents : les syndicats doivent adopter une stratégie commune, et faire durer le mouvement plusieurs semaines et non quelques jours.

Pour faire durer la grève, il est essentiel pour les cheminots d’avoir le soutien de l’opinion publique. Or, cela ne sera certainement pas le cas étant donné que les français sont majoritairement en faveur de la suppression de leur statut.

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