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Quel avenir pour le pétrole ?

Le monde commence doucement à émerger de la torpeur économique dans laquelle la pandémie de Covid-19 l’a plongé. Bien sûr la crise sanitaire n’est pas terminée et une pandémie, l’Histoire nous l’a appris, est une affaire qui dure. Mais la première vague semble être passée et le confinement généralisé ne semble plus nécessaire pour le moment.

Et cela a un impact direct sur une des matières premières qui a le plus souffert depuis le début de cette crise : le pétrole. L’or noir repart donc à la hausse. Pour de bon ?

Le pétrole profite du rebond chinois

« Quand on a touché le fond, on ne peut que remonter », cet aphorisme populaire semble aller comme un gant aux cours du pétrole de ces derniers mois. Touché de plein fouet par la pandémie et par une crise interne à l’OPEP +, l’or noir a connu une véritable descente aux enfers. Mais il commence maintenant à voir la lumière au bout du tunnel. Et ce moins d’un mois après la journée historique du 21 avril où l’on a vu pour la première fois des cotations négatives sur le cours du brut léger américain WTI.

Lundi 18 mai, Le prix du brut remontait nettement au-dessus de la barre symbolique de 30 dollars le baril. Le prix du baril de brut américain WTI progressait de 5,15% à 31,4 dollars tandis que le cours du baril de Brent de la mer du Nord était, lui, en hausse de 3,88% à 33,76 dollars.

Que se passe-t-il donc exactement ? À dire vrai, la reprise semble être là. La matière première se reprend depuis trois semaines et est aidé dans ce sens par les mesures de sortie du confinement prises par de nombreux pays. Les investisseurs voient en cela une reprise progressive de la demande à court et moyen terme. De plus, les nouvelles de Chine, premier pays touché par la pandémie, sont plutôt bonnes. Notamment sur le plan de la production industrielle. Elle a connu un rebond de 3.9% en avril et signe le retour des besoins en pétrole du côté de l’Empire du Milieu.

De son côté, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) s’est montré un peu moins pessimiste en prévoyant une baisse moins significative de la demande sur l’année 2020 (-8.6 millions de barils pour l’estimation de mai contre -9.3 millions de barils pour celle d’avril). Même ton rassurant du côté de l’OPEP. Pour les pays producteurs, le rééquilibrage du marché est en cours et devrait s’accélérer.

La crise pétrolière n’est pourtant pas terminée

Pourtant, la crise issue du choc pétrolier de mars n’est pas finie. L’offre est toujours excédentaire. Les stocks sont toujours proches de la saturation. Si la tendance est à la reprise et donc à une hausse de la demande, qui se traduirait par une baisse des stocks et un retour progressif à l’équilibre, on peut craindre un scénario catastrophe.

Une deuxième vague épidémique d’ici la fin de l’année est toujours possible et sera d’autant plus à craindre avec la reprise du trafic aérien, cumulé à un possible relâchement de la vigilance des populations quant au port du masque ou des gestes barrières. Un tel scénario, s’il devait impliquer de nouveaux confinements dans certains pays, pourrait replonger le secteur du pétrole dans une crise, avant même qu’il ne se soit totalement remis de la précédente.

A lire sur Alvexo : « Pétrole : 2020, année noire pour l’or noir ? »

Il faut aussi garder à l’esprit que les investisseurs sont peut-être en train de passer d’un excès à l’autre, en pariant sur une reprise un peu trop rapide de l’activité économique. Il s’agit donc de rester prudent. D’autant que l’année 2020 réserve peut-être encore d’autres surprises, notamment sur les plans sanitaire et géopolitique.

L’après pétrole pointe-t-il le bout de son nez ?

Si l’on semble se diriger vers une stabilisation du marché et que l’on peut espérer revoir le pétrole bien au-dessus des 30 dollars en 2021, la crise engendrée par la pandémie de Covid-19 a peut-être permis d’entrevoir un avenir sans pétrole que beaucoup d’occidentaux, notamment européens, appellent de leurs vœux face à une autre crise, écologique celle-ci. Le fameux « monde d’après » dont tout le monde parle depuis des mois sera-t-il un monde débarrassé de l’or noir ? A priori, non.

Si la transition énergétique a commencé en Europe, c’est loin d’être le cas partout. Pour beaucoup de pays qui dépendent encore du charbon au niveau énergétique, le pétrole est même considéré comme la prochaine étape. De plus, la principale source de profit de l’industrie pétrolière est encore aujourd’hui la vente d’essence et de diesel, brûlés dans les moteurs thermiques.

Depuis les années 1970, la fin du pétrole est régulièrement annoncée. 2020 et sa pandémie vont-elles marquer un tournant tant dans les habitudes de consommation que dans la prise de conscience nécessaire à l’établissement d’un nouveau modèle ? Rien n’est moins sûr.

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