AccueilÉconomieMicrosoft rachète LinkedIn pour $26,2 milliards

Microsoft rachète LinkedIn pour $26,2 milliards

Le groupe Microsoft a annoncé le rachat de LinkedIn pour $26,2 milliards en cash, ce qui signe une des transactions les plus onéreuses de l’histoire de nouvelles technologies et la plus grosse acquisition jamais réalisée par le groupe informatique depuis sa création. Le but serait officiellement d’accroître son offre à destination des professionnels. Mais en y regardant de plus près, il semblerait que la firme de Redmond tente de détourner l’attention de ses investisseurs au vu de ses problèmes fondamentaux. Néanmoins, avec ce rachat Microsoft est de retour dans l’univers des réseaux sociaux, secteur qu’il avait quitté progressivement après la mise au placard de MSN Messenger. Depuis quelques années, la société créée par Bill Gates multiplie les tentatives de diversification. Souvenez-vous, le groupe avait racheté Nokia en 2013 pour $5,4 milliards, Skype pour $8,5 milliards en 2011 et Minecaft en 2014 pour $2,5 milliards.

 

LinkedIn : 433 millions de membres en 2016

Dédié à la construction d’un réseau professionnel et à la recherche d’emploi, LinkedIn revendique aujourd’hui plus de 433 millions de membres dans le monde, dont 11 millions en France. Cela représente 105 millions de connexions mensuelles au site ou à l’application.

 

3ème acquisition la plus chère de l’histoire des nouvelles technologies

Dell a racheté le spécialiste du cloud EMC en octobre dernier pour $67 milliards, et Facebook a acquis WhatsApp en 2015 pour $22 milliards. Mais alors que ces rachats passent par des échanges d’action, Microsoft s’est engagé à verser $196 par action LinkedIn. Cela représente un bonus de 49,5 % par rapport au cours de clôture de l’action LinkedIn vendredi dernier.

 

Microsoft cherche de nouveaux leviers de croissance

Le groupe a massivement investi dans ce secteur récemment, et mise sur la version dématérialisée d’Office 365, qui compte 22,2 millions d’abonnés dans le monde, pour séduire les entreprises. Pour Microsoft, les leviers de croissance sont à présent loin de l’utilisation du PC familial qui tourne sous Windows : avec pas loin de 90 % de parts de marché, le secteur est saturé. Si la firme a loupé le tournant des réseaux sociaux, ainsi que celui du mobile grand public il y a quelques années, Microsoft prend les devants et mise sur les entreprises.

 

Le groupe continue sa transition

Microsoft ressemble de moins en moins à un groupe informatique et de plus en plus à un prestataire de services aux professionnels, et espère donc compléter l’offre proposée au sein d’Office grâce à cette acquisition. Nadella a ajouté que cela permettrait de réinventer la productivité et le travail. La réorientation de Microsoft est claire : « cloud first and mobile first ».

 

Ce rachat : une aubaine compte-tenu de la chute du cours

Satya Nadella, arrivé à la tête du groupe en 2014, a créé un séisme en annonçant lui-même le début des négociations en vue du rachat. C’est l’acquisition la plus importante de Microsoft depuis son arrivée au sein du groupe. D’après lui, si le prix de l’opération peut sembler élevé, Microsoft va profiter de la baisse du cours du titre LinkedIn qui a chuté de 40 % depuis le début de l’année. En effet, LinkedIn croît chaque année, mais ses résultats restent dans le rouge : en 2015 le chiffre d’affaires a progressé de 34,8 %, alors que les pertes ont été multipliées par 10.

 

Un atout supplémentaire pour Microsoft

Dans une lettre adressée à l’ensemble des employés, Nadella invoque une occasion toute aussi importante pour Office 365 et Dynamics. Depuis son arrivée au sein de la société, le successeur de Steve Ballmer a petit à petit imposé le cloud computing. Les logiciels proposés sont désormais disponibles sur toutes les plateformes, y compris iOS, Apple, Android et Google. LinkedIn représente donc une brique supplémentaire qui s’ajoute naturellement aux logiciels maison.

La principale faiblesse de LinkedIn est sa dépendance au marché domestique, qui génère 62 % des revenus.

 

L’opération fait remonter le cours de LinkedIn

A l’annonce de l’opération, le cours de bourse du réseau social a remonté de 50 %. Mais rien n’est acquis et beaucoup d’améliorations seront requises pour maintenir l’action.

En effet, après avoir fait flamber Wall Street, le réseau social n’a plus la cote depuis quelques mois, jusqu’à susciter des inquiétudes sérieuses quant à sa stratégie.

 

Autres mouvements dans la high-tech en 2016

On pense ici à Yahoo! qui souhaite vendre ses activités internet et a déjà été contacté par des opérateurs télécom et fonds d’investissement, mais aussi à Twitter, qui comme LinkedIn a perdu de sa superbe depuis quelques temps.

 

LinkedIn : une mine de données pour Microsoft

Pour Microsoft, chaque profil utilisateur LinkedIn vaut $60. Ainsi, chaque personne qui poste son CV sur le réseau professionnel offre cette somme à LinkedIn, et ce sans même compter les abonnements et autres dépenses. Derrière ce chiffre se cache un potentiel de croissance phénoménal, grâce aux données utilisateurs contenues dans les publications, multiples interconnexions et recommandations. Ainsi, Microsoft passe ici à la vitesse supérieure pour le déploiement d’une intelligence algorithmique capable de vérifier les compétences et centres d’intérêt, et d’accepter telle ou telle tâche, avant de décider à notre place laquelle est la mieux adaptée à notre profil, et de nous y affecter.

 

Algorithmes : plus de problème de considérations éthiques

La robustesse mathématique des algorithmes en font des opérateurs intraitables, qui démontrent souvent leur supériorité sur l’intelligence humaine. La formation, le suivi des carrières, les opportunités, l’affectation et les liens de proximité seront beaucoup mieux traités par une machine que par un humaine, au vu des progrès de l’intelligence artificielle. Si Microsoft ouvre ici une brèche, il sera suivi de tous les autres géants de l’I.A avec au premier rang Google et Facebook.

 

Twitter : prochain sur la liste des rachats ?

Après l’acquisition de LinkedIn, Twitter pourrait bien être le prochain sur la liste. Le rachat a provoqué l’envolée de 10 % su cours de son action, ce qui attire le regard des investisseurs. Même si le modèle de Twitter est très différent de celui de LinkedIn, l’opération souligne l’importance de ses capacités en matière de transmission d’informations. De plus, c’est à présent le plus gros réseau social indépendant, ce qui en fait une cible d’acquisition. Néanmoins, LinkedIn est sur une pente ascendante alors que Twitter peine à décoller et à faire croître sa base de 300 millions d’utilisateurs actifs. En résumé, Twitter possède la dimension nécessaire, mais pas la croissance requise, ce qui en fait une cible moins attirante.

« Il y a beaucoup de groupes qui veulent détourner l’attention des investisseurs de leurs problèmes fondamentaux». Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research.

 

La fin des réseaux sociaux serait signée

Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research et spécialiste du secteur, prévoit la fin d’une bulle financière autour des réseaux sociaux. D’après lui l’engouement prendra fin incessamment sous peu, et l’acquisition de LinkedIn par Microsoft va être le point de départ d’un ralentissement de la croissance de tous les réseaux.

 

Microsoft : détourner l’attention de son activité

Face aux difficultés de son activité traditionnelle de systèmes opérationnels, Microsoft essaierait, d’après Chowdhry, de détourner l’attention en rachetant LinkedIn, dont la croissance s’essouffle également. Quand deux entreprises en difficulté s’associent, c’est un signal d’alerte qui ne présage rien de bon pour l’avenir du secteur.

ARTICLES LIÉS

Le plus populaire