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Macron interdit le glyphosate d’ici trois ans

Coup de théâtre dans l’affaire du glyphosate. Alors qu’au niveau européen de l’utilisation du pesticide a été voté à 18 contre 9 pour cinq années supplémentaires, Emmanuel Macron a décidé de l’interdire en France d’ici trois ans.

Le Président a annoncé dans un message Twitter que le gouvernement allait prendre les dispositions nécessaires pour interdire au plus tôt le produit chimique le plus controversé, pour faire adopter son slogan “Make our planet great again”. Pour rappel, le principal actif du glyphosate (Roundup) a selon l’OMS un effet nocif sur la santé humaine et l’environnement.

Décision surprenante de l’Allemagne

Après deux ans de négociations intenses, l’herbicide le plus utilisé au monde a été autorisé par l’Union Européenne. C’est grâce au vote pour le moins inattendu de l’Allemagne que l’utilisation du glyphosate a été prolongée de cinq ans.

Pourquoi ce revers après avoir demandé des restrictions sur l’usage du glyphosate ? Alors qu’elle est fermement opposée à l’herbicide, la Ministre de l’Environnement, Barbara Hendricks accuse son collègue Christian Schmidt d’avoir désobéi à ses prérogatives, allant même jusqu’à parler de « rupture de confiance”. Le vote surprise de l’Allemagne en faveur du glyphosate a déclenché une tempête politique dans un pays déjà en crise, incapable de former un gouvernement de coalition.

Une « boulette » dont Merkel aurait pu se passer

Le vote de Christian Schmidt ne serait-il pas une tactique de plus ayant pour but de mettre des bâtons dans les roues à Angela Merkel ? Pour la chancelière allemande qui est déjà en grande difficulté pour former un gouvernement stable, cette affaire arrive au pire moment.

Si le vote en lui-même ne devrait pas suffire à faire échouer les négociations pour la formation d’une grande coalition, Angela Merkel a beaucoup perdu en crédibilité après le désaveu de son propre Ministre de l’Agriculture.

Est-il possible d’interdire le glyphosate d’ici trois ans ?

En bref, la réponse est oui. Grâce au principe de précaution ayant une valeur constitutionnelle, il est possible d’interdire un produit en France et ce même si ce dernier est autorisé au niveau européen. En vertu du règlement européen sur les pesticides de 2009, la présence d’une incertitude scientifique quant à des risques sur la santé humaine, animale ou sur l’environnement de produits phytopharmaceutiques suffit à elle seule pour une interdiction. En l’occurence, le glyphosate est classé comme un « cancérogène probable » par l’OMS.

Risque de distorsion de la concurrence

Si cette décision est techniquement possible grâce au principe de précaution, elle exposerait la France à des poursuites judiciaires notamment des industriels français. Les autres agriculteurs européens étant libres de continuer à utiliser le glyphosate, les agriculteurs français subiraient une distorsion de la concurrence à leur désavantage.

L’industrie alimentaire peut-elle survivre sans glyphosate ?

D’après les groupements d’industriels qui commercialisent l’herbicide, il serait impossible pour les agriculteurs de se passer du glyphosate en raison d’un “surcoût de €2 milliards pour l’agriculture française”. Selon eux, en cas d’interdiction les agriculteurs seraient contraints d’acheter des charrues et de consommer davantage de gazole.

De plus afin de désherber, ils devraient alors utiliser plusieurs produits différents, ce qui a également un coût. En bref, il s’agit d’un « désherbant total » qui n’aurait aucun « substitut efficace ». «

Quelles sont ses alternatives au glyphosate ?

Le pesticide le plus vendu au monde est connu pour son efficacité redoutable et son coût modeste. Pour le moment les alternatives à l’herbicide sont manuelles (biocontrôle), mécaniques (labour) et très consommatrices de temps et d’énergie.

Afin de produire une molécule chimique équivalente, plus de 10 années seraient nécessaires depuis la conception jusqu’à la mise sur le marché. Dans tous les cas, l’abandon du pesticide faveur de méthodes naturelles mènerait à une hausse des prix des aliments de 15%.

Monsanto tente de sauver les meubles

Alors que la controverse autour du glyphosate bat son plein, Monsanto tente une dernière manoeuvre afin de décrédibiliser les scientifiques ayant mis en avant la dangerosité du pesticide. La firme a déclaré être “déçue” de la décision de Bruxelles sur l’autorisation de cinq ans seulement cherche à redorer son image à coups de campagnes publicitaires sur les réseaux sociaux. Selon elle, le glyphosate répondrait parfaitement aux exigences européennes et mérite un renouvellement complet.

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