AccueilÉconomieL’indemnité de départ du patron de Carrefour fait débat

L’indemnité de départ du patron de Carrefour fait débat

Alors que Carrefour subit un vaste plan de restructuration, ni ses employés ni le Ministre de l’Economie ne semblent encaisser l’énorme chèque reçu par Georges Plassat : €13,17 millions pour 5 ans de service. Bruno Le Maire a demandé au patronat de prendre des “mesures fortes” face à une rémunération “choquante”. Dans une tentative de stopper le scandale, Carrefour a annoncé que son ancien PDG renonçait à son indemnité de départ de €3,9 millions, via l’abandon de la clause de non concurrence qui lui avait été octroyée.

Un chèque de €13,17 millions…

En juillet 2017, l’ancien PDG de Carrefour Georges Plassat est parti à la retraite après cinq de bons et loyaux services. Mais ce n’est que vendredi dernier que le conseil d’administration du groupe a voté sa rémunération de départ : un chèque de €13,17 millions, dont €4 millions d’indemnités de départ et d’engagement de non-concurrence.

Si cette clause est sensée s’assurer que l’ancien dirigeant ne se retrouve pas à la tête d’un groupe concurrent, il s’agit d’un scénario très peu probable. En effet, l’homme âgé de 68 ans souffre de nombreux problèmes de santé.

Après l’attribution de cet énorme chèque, les syndicats du groupe sont montés au créneau. Selon eux, la somme serait « dépourvue de toute exemplarité” et « déconnectée » des résultats catastrophiques du distributeur.

Bruno Le Maire s’en mêle

Après le vote des actionnaires la semaine dernière, Bruno Le Maire a demandé au groupe de s’expliquer “dans les plus brefs délais” sur la rémunération de ses dirigeants. Selon lui, des “des déviations sérieuses par rapport aux recommandations du code Afep-Medef” auraient eu lieu.

Quel est donc ce fameux code ? Elaboré par l’Afep (pour Association française des entreprises privées), il regroupe le Medef et les plus grands groupes français. Renforcé fin 2016, son but est d’imposer une bonne conduite quant à la détermination de la rémunération des dirigeants français.

Dans un contexte où le groupe est menacé par des fermetures de magasins et pertes d’emplois, ces indemnités de départ passent mal. « Que l’échec soit récompensé par des rémunérations très élevées, c’est incompréhensible et choquant« , a déclaré le Ministre de l’Economie.

Georges Plassat, directeur général de Carrefour, deuxième distributeur mondial, intervient avant la présentation des résultats annuels 2015 de l'entreprise à Paris
Image: Georges Plassat, directeur général de Carrefour, deuxième distributeur mondial, intervient avant la présentation des résultats annuels 2015 de l’entreprise à Paris. REUTERS/Charles Platiau

En janvier dernier, Carrefour a annoncé son entrée dans un vaste « plan de transformation » qui passe par la cession ou la fermeture de 273 des 352 magasins ex-Dia, dont la plupart n’ont toujours pas retrouvé de repreneurs. 1850 postes seraient menacés.

Le nouveau PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, se fait lui aussi chahuter : sommé de justifier la rémunération de son prédécesseur, il a décidé de couper court à la polémique en proposant à son conseil d’administration une évaluation de sa propre indemnité de départ.

Celle-ci serait effectuée en actions et non en liquide, et tiendra compte du flux de trésorerie disponible de l’entreprise. Cette deuxième résolution a été votée à 75%.

Georges Plassat renonce à €3,9 millions

Face au scandale, Georges Plassat aurait “décidé de renoncer à l’application de la clause de non concurrence qui lui avait été octroyée et donc au versement de l’indemnité de départ correspondante”. Il aurait pris cette décision « en raison de l’incompréhension qui entoure les conditions financières de son départ”.

C’est en tout cas ce qu’affirme Carrefour dans un communiqué publié vendredi. En bref, l’ancien PDG de Carrefour renonce à €3,9 millions sur les €13,17 millions qui lui ont été accordés.

C’est qu’il coûtait cher à Carrefour, Georges Plassat : un plan de rémunération à long terme de €6,5 millions, une rémunération fixe de €818 000, une rémunération variable de €1,9 millions, des jetons de présence, et pour finir une clause de non-concurrence de €4 millions. A ces sommes, il faut ajouter une retraite annuelle de €517 000.

Macron dénonce « les dingues de pognon »

Le Journal du Dimanche a révélé que le chef d’État a dénoncé « les dingues de pognon” en faisant allusion à l’indemnité de non-concurrence de €3,9 millions octroyée à Georges Plassat. Il s’était déjà enflammé la semaine dernière avec son expression “pognon de dingue” pour décrire la manière dont sont gérés les minima sociaux en France, “tandis que les pauvres restent pauvres”.

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