Avec le mouvement des gilets jaunes et des stylos rouges, tous les secteurs professionnels semblent souffrir de mouvements sociaux. Dernier en date, les banques où les salariés s’inquiètent de l’avenir.
Avec des fermetures massives de banques et de guichets en régions, les employés de la BNP, de la Société Générale et de la BRED ont décidé de faire grève le mois dernier et début janvier, du jamais vu depuis 2000.
Au programme : une demande des salariés pour plus de transparence concernant la numérisation des institutions, qui risquerait bien de faire disparaître des milliers d’emploi en France.
Une transition forcée
Pour beaucoup, le monde numérique est une évidence, mais pour certains secteurs, comme le monde bancaire, l’adaptation est primordiale, au risque de perdre son emploi.
Interviewée par BFM, Julie Lequeux, déléguée syndicale CFDT, a partagé un sentiment de « rendement de l’entreprise au détriment des équipes. C’est un véritable rouleau compresseur, un salarié peut aujourd’hui occuper jusqu’à 3 postes à lui tout seul. »
https://twitter.com/SNB_CFECGC/status/1070202103111581696
Par ailleurs, plus de 10 000 agences ont disparu depuis 2008, profitant du départ à la retraite de nombreux salariés baby-boomers.
En ne remplaçant pas les postes de ces agences fermées, les dirigeants ont justifié une nouvelle génération de clients plus enclin à faire des opérations depuis leurs téléphone portables et moins enclin à se déplacer dans un guichet.
#banque Cinq syndicats de BNP Paribas, dont le SNB CFE-CGC lancent un appel à faire grève demain, mardi 4 décembre. Ils protestent contre la dégradation des conditions de travail et l'absence de revalorisation générale des salaires. https://t.co/wiaXcnOVig
— CFE-CGC (@CFECGC) December 3, 2018
Alors que les banques sont encore en pleine transition numérique avec des milliers de salariés à former, certains d’entre eux se retrouvent déjà « au bout du rouleau car les objectifs sont toujours plus élevés et les effectifs de plus en plus limités ».
Des employés ont également témoigné d’une compétition forcée entre les salariés. Ceux qui ne sauront pas s’adapter seront licenciés. A la clé : des centaines de postes supprimés d’ici à 2021.
Des salaires qui stagnent
Contrairement aux grandes entreprises du CAC 40, BNP Paris a refusé d’augmenter ses salariés l’année dernière. D’après les syndicats, les conditions de travail se sont dégradées.
D’après les syndicats, les salariés de la BNP ne recevraient une augmentation qu’après 39 mois passés au sein de l’entreprise, loin des standards de l’industrie.
Pour 2019, la banque française a proposé un bonus de fin d’année allant de 400 à €1 000, accompagné d’une augmentation individuelle de 1,5%. Une compensation insuffisante pour les syndicats, comparée aux autres grands groupes bancaires.
A lire: « Comment les banques françaises investissent dans l’Intelligence Artificielle »
Les représentants de la BNP ont d’ailleurs exprimé dans le communiqué de la manifestation du 4 décembre dernier, « un ras-le-bol à une direction aujourd’hui trop éloignée de notre quotidien professionnel et inconsciente des difficultés » rencontrées en raison de la « baisse du pouvoir d’achat ».
Avec une fréquentation importante, la manifestation a inspiré les salariés d’autres banques.
Un mouvement qui prend de l’ampleur
Ces revendications ont inspiré les salariés d’autres banques, comme la BRED.
« La direction va annoncer pour 2018 des revenus et un profit net en croissance pour la sixième année de suite, mais refuse d’accorder une augmentation générale pérenne à tous les salariés » a expliqué Christophe Mieusset, délégué syndical UNSA au Monde.
Les syndicats de toutes les banques se sont accordés à dire qu’elles avaient alerté leurs directions sur le nombre inquiétant d’arrêts de travail dûs au stress et le nombre croissant de burnouts. Pourtant, aucune mesure n’a été prise depuis.
« ll est grand temps que la direction entende le ras-le-bol des salariés », a prévenu un responsable syndical à BFM TV. Pour le moment, les banques se font discrètes.
Seul un responsable de la BNP s’est exprimé dans les médias, en déclarant que la transition était difficile pour tous les professionnels du monde bancaire, y compris les grands dirigeants, laissant peu d’espoir aux syndicalistes quant à une négociation.