Le Bureau international du travail (BIT) a publié des chiffres valorisants pour le gouvernement Macron : le taux de chômage a enregistré un taux historiquement bas à 8,4% de la population active.
Un record pour le pays depuis la crise des subprimes en 2008, malgré une croissance revue à la baisse pour cette année.
Mais contrairement aux apparences, ce chiffre cache une réalité bien plus contrastée : le nombre de travailleurs dits « pauvres », ou précaires, a fortement augmenté ces dernières années. En France, on compte désormais un million de travailleurs vivant en-dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire vivant avec moins de €855 par mois.
Une réalité « cachée » qui inquiète les économistes et alerte les associations, alors que l’exécutif est bien décidé à utiliser les chiffres pour la prochaine campagne électorale.
Un chômage en baisse
Les chiffres sont là : le taux chômage aurait, selon l’Insee, reculé de 0,1 point au premier trimestre 2019. Il y aurait donc près de 8,7% de chômeurs en France (hors Mayotte). Un chiffre bien loin des 10% de l’après-crise de 2008.
#INSEE
Au 1T 2019, le taux de #chômage au sens du BIT diminue de 0,1 pt après une baisse de 0,3 pt le trim. précédent. À 8,7 % de la population active en France (hors Mayotte), il est inférieur de 0,5 pt au début 2018.
Plus bas niveau depuis début 2009. https://t.co/jHPgzGGlHv pic.twitter.com/lXQNKHDmtm— Gilles Callot 🇫🇷🇪🇺💉💉 (@GillesCallot) May 23, 2019
Première bonne nouvelle pour le gouvernement : le chômage de longue durée a baissé de 0,3 point au cours de la même période. Alors qu’Emmanuel Macron avait promis lors de son élection de relancer l’emploi pour cette catégorie spécifique, les 25-49 ans sont ceux qui ont connu une baisse de chômage la plus importante, passant de 7,9% à 7,7%.
Le rapport de l’Insee précise également qu’au « premier trimestre 2019, le taux d’emploi des 15-64 ans est stable à 66,1 %, demeurant à son plus haut niveau depuis 1980. Il est supérieur de 0,3 point à son niveau de début 2018 ».
Autre bonne nouvelle : en un an, le taux d’emploi à temps complet en France constitue 54,5% au premier trimestre de cette année, soit une hausse de 0,1 point par rapport au premier trimestre 2018 et une progression de 0,6 point sur un an. Selon l’Insee, c’est son plus haut niveau depuis 2003.
En ce qui concerne le taux d’emploi à temps partiel, ce dernier reste stable à 11,7%.
Un million de travailleurs pauvres
Mais selon les associations, les chiffres de l’Insee cachent une misère grimpante : celle des travailleurs pauvres en France, dont le chiffre aurait atteint le million l’année dernière, pour ceux qui vivent avec moins de €855 par mois.
« Si on fixe le seuil de pauvreté à 60 % du niveau de vie médian (€1.026), on en compte deux millions », précise inégalités.fr.
Les jeunes actifs et les apprentis sont les premières personnes concernées. Selon inégalités.fr, près de 5% des salariés seraient payés à un salaire inférieur au smic horaire : on y compte des personnes mineures, des assistants maternelles, mais aussi des animateurs de centres de vacances ou encore des jeunes en contrat d’apprentissage.
Le taux de travailleurs pauvres a grimpé de 7 à 10% en 10 ans. Je veux une Europe dans laquelle on assure un vrai travail et un vrai salaire. @IanBrossat #UltimateDebat #AvecBrossat pic.twitter.com/svIEx6IzP2
— PCF (@PCF) May 23, 2019
La précarité des apprentis est un devenu un tel problème, que le journal national de France 3 a réalisé un reportage cette semaine sur la difficulté à trouver un logement dans de telles conditions de précarité.
Au Pays Basque, une mère et son fils ont lancé un Airbnb solidaire pour héberger les travailleurs pauvres 👏
(Re)voir #OnALaSolution avec @LouiseEkland ▶ https://t.co/wdF5kRU4IP pic.twitter.com/NsE4PqtjfP
— France 3 (@France3tv) May 19, 2019
En réponse, Matignon a publié un communiqué de presse dès le lendemain en annonçant que le gouvernement viendrait en aide aux quelques 440 000 apprentis en France pour trouver un logement.
« Notre responsabilité, c’est comment honorer cette demande d’apprentissage », a déclaré Edouard Philippe lors d’une réunion publique le 6 mai dernier.
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Des emplois non pourvus
Alors que l’on parle souvent de secteurs saturés, le rapport a également mis en lumière le nombre d’emplois non pourvus.
Les secteurs du transport, du logement encore la puériculture sont en pleine expansion, mais les candidats manquent à l’appel. Plus tôt ce mois-ci, le gouvernement annoncé vouloir proposer une « prime mobilité » pour encourager les chercheurs d’emplois à postuler.
@Elisabeth_Borne favorable à une "prime #mobilité" obligatoire…
Et si on encourageait ceux qui réduisent leurs distances parcourues ? A quand une prime à la #démobilité plutôt qu'au subventionnement croissant des #déplacements ?https://t.co/htDfBlFbK2
Clin d'oeil à…
— Ludovic Bu (@ludovicbu) May 21, 2019
Cependant, cette initiative est mal perçue par les écologistes qui y voient un mauvais signal pour l’environnement, surtout en régions où les travailleurs devraient utiliser leurs voitures, par manque de transports en commun.
Pour les syndicats, cette prime est vue comme une bonne initiative, encore faudrait-il qu’elle devienne obligatoire pour tous les emplois – une des revendications des Gilets jaunes.
Au total, près de 200 000 emplois sont actuellement à pourvoir en France.