EDF va basculer 100 % de son offre en autoconsommation pour les clients particuliers, comme l’a annoncé son Président le 2 juin dernier. Cela met fin aux installations de panneaux solaires dont le but est de revendre d’électricité à un tarif subventionné. Ces panneaux auront désormais pour mission d’alimenter uniquement les propres besoins du consommateur, grâce des systèmes bridés qui empêcheront d’injecter l’électricité sur le réseau public.
Une transition inévitable selon EDF
Selon Benjamin Declas, Directeur Général de EDF ENR, cette transition est rendue possible par le déclin des coûts liés au photovoltaïque. A l’époque de la révolution énergétique et de la transition numérique, on assiste à une décentralisation de la production d’électricité. Les réseaux sont aujourd’hui intelligents, et les consommateurs ont le désir d’être acteurs de leur propre consommation d’énergie. Le groupe EDF prend le virage de l’autoconsommation et innove pour répondre aux nouvelles attentes de sa clientèle. Comme annoncé lors du colloque Enerplan, les clients EDF pourront bientôt produire eux-mêmes leur électricité suivant leurs besoins. Ainsi, EDF souhaite pousser les français à moins dépendre des compagnies d’électricité, grâce à l’offre Mon Soleil & Moi.
90 % de particuliers ne consomment pas l’énergie qu’ils produisent, mais préfèrent la revendre à EDF, obligé de la racheter à un tarif élevé grâce aux subventions de l’état.
Loi transition énergétique : la donne a changé
L’autoconsommation d’énergie solaire a longtemps eu du mal à décoller en France, et ce pour une raison bien spécifique : le faible prix de l’électricité proposé par le réseau traditionnel versus le coût de rachat par EDF qui rend la revente très rentable. Il est donc plus rentable pour les ménages de vendre leur production, plutôt que de la consommer, tout en utilisant le réseau d’électricité public pour alimenter leur logement. Mais l’autoconsommation possède bien des avantages : absence de facture, autonomie énergétique totale, rentabilité à long terme et faible empreinte carbone. Ainsi, la loi sur la transition énergétique adoptée le 22 juillet 2015 offre un cadre régulateur qui incite la consommation des producteurs particuliers.
Autoconsommation d’énergie : comment ça marche ?
Le procédé est simple : il suffit de raccorder les panneaux solaires non pas au réseau public, mais directement aux équipements électriques des logements. Dans le cas où l’installation ne produirait peu ou pas d’énergie (par exemple la nuit et l’hiver), les appareils puisent alors l’énergie dans le réseau d’électricité public. Le but est donc d’alimenter une partie de la consommation journalière des particuliers avec l’énergie renouvelable.
« Le prix des panneaux a chuté. Le coût de l’électricité obtenue à partir de ce type de modules a été divisé par quatre en quatre ans, et le mouvement va se poursuivre. La technologie devient de plus en plus compétitive». Antoine Cahuzac, Directeur exécutif groupe EDF en charge des énergies renouvelables.
L’équation économique favorable à l’autoconsommation
Si jusqu’à date 330 000 particuliers français ont installé des panneaux solaires sur leur toit, seuls 15 000 d’entre eux font de l’autoconsommation totale, sans acheter ou vendre au réseau public. Selon la tarification de rachat établie par EDF, ils ont tout intérêt à vendre le surplus d’électricité qu’ils produisent au lieu de l’utiliser à des fins personnelles. L’équation économique était alors plus avantageuse pour la vente.
Le gouvernement français soutient l’autoconsommation
Lors du colloque Enerplan dédié à l’autoconsommation photovoltaïque, la Directrice Générale de l’Energie au Ministère de l’Ecologie, Virginie Schwarz, a annoncé le lancement d’un appel d’offre national destiné aux sites industriels, tertiaires et agricoles sur un volume de 50 mégawatts. Le cahier des charges de l’appel d’offres devrait être publié durant l’été. Elle a rappelé que cette volonté de soutenir l’autoconsommation découle de la loi de transition énergétique votée en 2015. Le consommateur devrait devenir consomm’acteur et prendre en main à la fois sa consommation et sa production. A en croire Antoine Cahuzac, la transition vers l’autoconsommation n’est aucunement une « révolution », mais davantage une suite logique d’une politique consistant à être le champion de l’énergie à basse émission de carbone, communément appelée énergie décarbonée.
Selon la taille de votre installation, l’investissement initial pour acquérir un système photovoltaïque sera accessible à partir d’une dizaine de milliers d’euros d’investissement de base.
Autoconsommation : solution intéressante, mais pas encore rentable
Si un français sur deux se déclare prêt à investir dans une installation de ce genre pour couvrir sa consommation énergétique et être plus respectueux de l’environnement, l’investissement de départ non négligeable constitue un frein. Investir dans sa propre énergie solaire représente un effort financier considérable, qui peut dissuader. Il faut compter le prix des panneaux photovoltaïques en autoconsommation, des batteries, l’installation de câblage, ainsi que du compteur, sans oublier les mises à jour du logiciel. D’après 37 % des français qui ne souhaitent pas un tel équipement, le prix trop élevé est en cause.
14 % des français : prêts à investir dans l’autoconsommation solaire
47 % des français seraient prêts à investir dans l’autoconsommation, l’autonomie étant l’attrait principal pour 15 % d’entre eux. Cependant 62 % de ces personnes ne prévoient pas de passage à l’acte avant 5 ans.