AccueilÉconomieDette étudiante américaine : une bombe à retardement ?

Dette étudiante américaine : une bombe à retardement ?

La dette étudiante aux Etats-Unis croît depuis des années, pour prendre des proportions inquiétantes : elle représente aujourd’hui plus de $1.000 milliards, ce qui la place juste derrière la dette immobilière et ses $8.000 milliards. D’après les économistes et la Réserve Fédérale, la prochaine crise financière majeure pourrait en découler, en raison de l’importante titrisation de cette dette sur les marchés financiers et du coût croissant des études, dans un contexte international qui affiche de sombres perspectives économiques en 2016. En effet, en 25 ans, les frais universitaires ont augmenté de 440 %, soit quatre fois plus que l’inflation générale de l’économie américaine, ce qui oblige les étudiants à s’endetter et à souscrire des prêts bancaires dont les montants s’envolent : entre 5 000 et $50 000 par année d’étude. Ce n’est pas moins de 60 % des étudiants américains qui termineront leurs études endettés de $27 000 en moyenne.

Dette étudiante : une bombe à retardement

Selon la Réserve Fédérale, le total des prêts étudiants américains dépasse les $1000 milliards, soit beaucoup plus que la dette des cartes de crédits américaines. A cause de l’explosion des frais de scolarité qui ont augmenté de 440 % en 25 ans pour passer à en moyenne $30 000, plus de 75 % des étudiants ont été contraints à souscrire à un crédit. Et cela concerne également les établissements les moins réputés.

« L’accroissement des remboursements et des défaillances de prêts étudiants est préoccupant », Donghoon Lee, un chercheur de la Fed de New York.

Remboursement des prêts étudiants : ingérable depuis la crise de 2008

Jusqu’en 2008, les remboursements ont été gérables. Mais c’est sans compter la crise des subprimes qui a rendu les embauches beaucoup plus difficiles. Un grand nombre d’étudiants s’est donc retrouvé incapables d’honorer leurs emprunts. Donghoon Lee, un chercheur de la Fed de New York, s’inquiète de la capacité réduite de ces populations à souscrire d’autres prêts, notamment les crédits immobiliers, alors que les perspectives de revenus des jeunes diplômés s’amenuisent.

Faiblesse du marché immobilier

Les jeunes diplômés sont contraints de vivre plus longtemps chez leurs parents, le temps d’avoir plus de visibilité sur leurs revenus et leurs perspectives futures.

Barack Obama a tenté de s’attaquer à ce problème, allant même jusqu’à proposer en janvier la gratuité des deux premières années au sein des « community college » qui offrent des formations courtes sur deux ans, et ce en fonction de l’implication et des résultats des étudiants. Il avait déjà instauré en 2014 l’extension du programme nommé « pay as you earn » visant à aider le remboursement de prêts étudiants.

2 millions d’étudiants diplômés cette année

Face aux frais engagés, combien de ces jeunes diplômés regretteront leur passage par l’université ? Leurs quatre années passées à étudier sont onéreuses : ils devront rembourser en moyenne $27 000 par tête, et jusqu’à $100 000 pour les plus endettés, soit bien au-delà de leurs capacités de remboursement.

Des étudiants prêts à tous les sacrifices

Si un quart des adultes entre 35 et 49 ans pensent qu’une dette étudiante entre 20 000 et $50 000 est trop importante, ceux qui sont en âge d’entrer à l’université n’estiment pas cette dette démesurée. Aussi 22 % des jeunes diplômés pensent qu’il est nécessaire d’emprunter autant que besoin et qu’aucun montant n’est trop élevé. En vérité, le marché du travail américain est déjà saturé, ce qui rend la non possession d’un diplôme très problématique, avec un fossé de salaires entre diplômés et non diplômés qui a triplé depuis 1980.

Les « tours de passe-passe » des universités

Selon la New American Foundation, dans un souci d’image et de prestige, la plupart des universités financent les étudiants aisés pour les attirer dans leurs programmes, et laissent ensuite peser le financement des étudiants issus de milieux modestes sur l’état fédéral. Ces tours de passe-passe s’appuient sur les bourses de l’état pour couvrir les frais des étudiants les plus en difficulté, en utilisant leur financement propre pour distribuer des aides aux étudiants les plus riches.

Sally : organisme gestionnaire de la dette étudiante

Si les étudiants n’ont aucune garantie de trouver un emploi, les traites des emprunts quant à elles tombent tous les mois. Elles portent un nom : Sally, l’organisme de gestion de la dette étudiante. Ils sont cette année 40 millions à recevoir les échéances de Sally, soit 11 millions de plus qu’il y a sept ans.

Des retraités n’ont pas remboursé leurs prêts

En 2013, la dette étudiante des plus de 65 ans a atteint $18,2 milliards aux Etats-Unis, et selon les statistiques la moitié des plus de 75 ans serait en défaut de paiement sur ces prêts. La dette de ces personnes âgées affecte leur sécurité financière, ainsi que leur retraite.

Cette situation bloque l’ascenseur social

Cette situation ruine la classe moyenne américaine qui n’a plus la possibilité de consommer, sans parler d’investir dans l’immobilier. Mais elle est aussi un frein à la mobilité sociale, avec des enfants issus de familles aisés qui ont accès plus facilement aux universités les plus prestigieuses, de moins en moins accessibles pour les classes moyennes. L’université, sensée élever les plus méritants, devient alors une simple machine à trier.

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