Malgré une actualité politique agitée, la croissance française se porte bien. Le PIB est à +0,3% pour les trois premiers mois de l’année, selon le dernier rapport de l’Insee. Le pays se hisserait même en tête de la zone euro.
Alors que la crise des Gilets jaunes ne semble pas près de s’arrêter et que le tourisme est en berne, les Français ne consomment pas moins pour autant.
Cependant, le deuxième trimestre s’annonce plus morose. Les investissements étrangers se font plus discrets, la crise des Gilets jaunes ayant entaché la réputation du pays et la confiance des investisseurs.
En pleine « opération séduction », Emmanuel Macron tente d’attirer les capitaux étrangers. Néanmoins, les experts restent sceptiques quant à 2019.
Une croissance quasi-stable
A quelques semaines des élections européennes, les membres du parti En Marche! ont fait parler les chiffres. Selon Emmanuel Macron : « les premiers résultats sont là ». Entre autres, de grandes commandes dans le secteur automobile et aéronautique ont aidé la France à se stabiliser.
Mais pour beaucoup, comme l’explique une analyste de la banque BNP Paribas, la croissance se serait maintenue grâce à des mesures fiscales votées par le gouvernement l’année dernière.
Comme l’ajoute l’analyste financier Emmanuel Jessua : « On ne peut pas se réjouir qu’un pays qui représente 30 % du PIB de la zone euro décélère ».
850€ en plus par ménage en 2019, la plus forte hausse du pouvoir d'achat depuis 2012, @NicolasDOZE pic.twitter.com/OnWSFkq0gd
— BFMTV (@BFMTV) April 18, 2019
Pour l’économie nationale, cela apparaît comme une bonne nouvelle puisque la consommation des ménages devrait voir une embellie, notamment grâce aux annonces faites sur les primes à la consommation de €850 en plus par ménage d’ici la fin de l’année.
La Banque de France a même félicité les mesures prises par le gouvernement français dans un « contexte incertain ».
C’est d’ailleurs dans ce contexte particulier en Europe que le gouvernement entreprend des réformes à contre-courant, qui répondent aux attentes exprimées par les Gilets jaunes.
La croissance la plus forte d’Europe
Avec un positionnement unique, la France semble être l’économie la plus solide d’Europe.
En effet, l’Hexagone passe devant l’Allemagne, avec une croissance prévue à 1,4% pour l’année 2019, comparée à seulement 0,5% outre-Rhin.
Climat des affaires au plus bas depuis 4 ans en Allemagne. L'@ifo_Institut anticipe une croissance de seulement 0,2% du PIB au premier trimestre 2019. L'Insee attend +0,4% en France. pic.twitter.com/N4kCalJlfH
— Guillaume 2 Calignon (@gcalignon) February 22, 2019
La principale raison : une industrie automobile allemande, qui, selon le quotidien Le Monde, aurait surestimé son chiffre pour 2019, alors que les manufactureurs français auraient été davantage réalistes.
Certains pays de la zone euro sont même en décroissance, comme l’Italie, qui depuis la fin de 2018 est en récession technique.
De nombreux pays devraient également subir les effets du Brexit, comme l’Irlande ou encore le Portugal, qui, selon un rapport de l’OCDE, profitent d’embaucher des travailleurs détachés à bas coûts afin de relancer l’économie locale.
La crise évitée grâce aux Gilets jaunes
Non sans ironie, le rapport de la Banque de France suggère à demi-mots que la crise des Gilets jaunes pourrait bien avoir sauvé la France d’un marasme économique sans précédent sur le vieux continent.
En d’autres termes, si l’Hexagone se retrouve en tête du PIB de la zone euro, c’est parce que le mouvement de contestation a forcé le gouvernement à voter des « MUES » : « mesures d’urgence économiques et sociales ».
En seulement quelques mois, le pouvoir d’achat par habitant en France est devenu le plus fort de l’Union européenne. D’autre part, le taux d’épargne devrait avoisiner les 16% d’ici à la fin de l’année, contre 14% en 2018.
A lire sur Alvexo: « Macron: le calendrier des mesures annoncées dès aujourd’hui »
Un effet d’annonce ?
Pour autant, de nombreux économistes tentent de freiner l’enthousiasme de ces résultats.
Selon eux, les mesures annoncées par Emmanuel Macron constitueraient les règles d’un « jeu à la somme nulle », comme l’a expliqué l’économiste Pascal de Lima au micro de France 24.
Si d’un côté le gouvernement compte bien augmenter les retraites pour assurer au moins €1.000 par mois aux retraités français, il compte réduire certaines niches fiscales dont ces derniers bénéficiaient.
En effet, la majorité pourrait éventuellement « donner pour reprendre », une stratégie avantageuse pour publier de bons résultats, dans l’objectif de remporter les élections européennes, tout en se préparant aux élections présidentielles de 2022.
Subtil
#Retraités @lemondefr @mesheuressup pic.twitter.com/Dk3Tv2drA5— Retraite Conseil (@retraiteconseil) April 26, 2019
L’opposition dénonce également le report de l’âge de la retraite, forçant les Français à travailler plus longtemps.
🎙 dans sa #ConferenceDePresse, Macron a avoué avoir « découvert » la précarité des retraités, des familles monoparentales, des handicapés…
On avait raison : ce pays, Macron ne le connaît vraiment pas. pic.twitter.com/Tu4uYIAaQJ
— Avec Ruffin ! ✊🏼 (@AvecRuffin) April 27, 2019
Pour de nombreux spécialistes du terrain, dont François Ruffin, ancien journaliste et désormais député de la France Insoumise, Emmanuel Macron ne « connaît pas » la France.
Le Président avait, en effet, créée la polémique la semaine dernière lorsqu’il a exprimé sa « surprise » quant à la précarité des retraités en France.