AccueilÉconomieIliad : prochain 4ème opérateur mobile en Italie

Iliad : prochain 4ème opérateur mobile en Italie

C’est officiel, Iliad et deux groupes italiens de communications, à savoir le russe Vimpelcom et le hongkongais Hutchison, ont passé un accord pour un rachat d’actifs ainsi qu’une fusion des opérateurs mobiles HSG et Wind, ce qui donnerait naissance à la marque « 3Italia ». Cantonnée à la France, la maison mère de Free compte bien étendre son empire et renouveler en Italie le tour de force réalisé en 2012 au sein de l’hexagone. Pour rappel, Free avait bouleversé le marché français très oligopolistique, en s’imposant en tant que quatrième opérateur mobile. De par cet accord qui reste sous réserve du feu vert des autorités européennes de la concurrence, Iliad devrait acquérir des antennes et fréquences auprès de Hutchison et Vimpelcom.

 

La fusion donnera naissance au premier opérateur italien

La fusion entre Vimpelcom et Hutchison donnera naissance au premier opérateur italien en termes d’abonnés, loin devant les deux autres réseaux mobiles Tim et Vodafone. Il faut noter que l’Italie est à la traîne dans le très haut débit fixe et mobile, handicapée par une offre restreinte et d’un réseau de qualité médiocre.

 

Iliad : pas une menace pour Vodafone et Telecom Italia

Les analystes de Morgan Stanley estiment que malgré l’arrivée d’Iliad en tant que nouveau concurrent sur le marché, le français ne constitue pas une menace immédiate pout Telecom Italia et Vodafone, en raison de l’avantage concurrentiel en termes de qualité possédé par ces derniers.

 

Xavier Niel : céder 15,14 % de participation dans Telecom Italia

L’an dernier, le fondateur d’Iliad avait acquis à titre personnel 15,143 % de Telecom Italia, ce qui représenterait un conflit d’intérêt dans le cadre de la présente affaire. Il a néanmoins indiqué n’avoir aujourd’hui qu’un intérêt économique marginal, évalué à €25 millions, qui sera cédé dans les prochaines semaines. Niel serait même en pleines négociations avec Orange pour un possible échange de ses parts.

 

Un investissement à 1,5 milliard pour Iliad

Ce chiffre tient compte du rachat des fréquences pour 450 millions. Quant au volet financier de l’opération, Iliad se veut rassurante et annonce des investissements en ligne avec des développements commerciaux de ce genre, étalés sur 5 à 7 ans. De plus, ce sont les réserves de cash détenues par le groupe, soit €2,5 milliards à ce jour, qui vont entièrement financer le projet.

 

Free : faire oublier son échec cuisant aux Etats-Unis

Si la Commission Européenne valide l’accord, cela permettra à Iliad de s’implanter à l’étranger pour la première fois, après son échec aux Etats-Unis en 2014. Pour rappel, Deutsche Telekom n’avait pas donné suite aux offres à $18 milliards du français pour le rachat de T-Mobile US. Cette opération prévoyait un rachat de l’intégralité de parts de Deutsche Telekom dans le capital de T-Mobile US, ce qui représentait 67% de ses actions.

 « Il s’agit d’une opportunité unique pour le groupe Iliad d’entrer sur le marché italien des télécommunications, qui accélère sa transition numérique. Iliad pourrait ainsi proposer des services mobiles compétitifs et de devenir le quatrième opérateur de réseau mobile disposant d’une couverture nationale ». Iliad, maison mère de Free.

 

Fusion : sous réserve de l’approbation de Bruxelles…

Bien évidemment, la Commission Européenne devra donner son aval, après avoir terminé son enquête approfondie suite à des craintes que cette opération n’entraîne de conséquences négatives pour le consommateur final, telles qu’une hausse des prix, une réduction du choix d’offres, ainsi qu’une diminution de l’innovation. Bruxelles verrait néanmoins cette opération d’un œil favorable et la probabilité d’une réponse positive serait selon les analystes de 50%.

 

Marché italien : cartes prépayées prédominantes

Le secteur italien du mobile n’est pas connu pour sa rentabilité, avec une guerre des prix qui fait rage. Le revenu moyen par abonné y est inférieur à celui de la France, soit environ €17, ce qui pousse les acteurs à la consolidation. Free a pour ambition de viser le marché des cartes prépayées, prédominant en Italie.

« Avec ses offres à €2 lors de son arrivée dans le mobile en France, l’opérateur a quasiment tué ce marché, ne laissant que des miettes aux opérateurs ethniques. On peut imaginer le même scénario en Italie ». Analyste télécoms.

 

Free à l’étroit en France, son rythme de conquête ralentit

D’après les analystes, cela fait près de deux ans que Free est en quête d’opportunités de développement à l’étranger. Iliad est donc scrutée de près par les marchés financiers, qui l’attendent au tournant. Si Free est entré avec fracas sur le marché français des télécommunications en 2012 et a réussi à capter 17 % du marché mobile, cette nouvelle aventure italienne offre à l’opérateur un autre profil, celui d’une société plus mature.

 

Le marché italien de 2016 n’est pas celui de la France en 2012…

En Italie, les tarifs mobiles sont nettement plus bas que lors de l’entrée de Free sur le marché français en 2012, et les perspectives de croissances y seront beaucoup moins spectaculaires, alors que le revenu mensuel moyen par client y est déjà très bas, à €17. De plus, le succès de l’opération dépendra largement des accords de partage de réseau et d’itinérance noués avec les autres opérateurs. En revanche, le taux de « churn », ou proportion de clients prêts à quitter leur opérateur pour un concurrent, y est de 25 % par an. Ainsi 7 % à 10 % de parts de marché y seraient suffisants pour créer de la valeur.

 

Le lancement de Free Italia plus difficile que celui de Free Mobile

Si Iliad a gagné 5 millions de clients pour la seule année 2012, elle le doit en partie à sa base d’abonnés Internet fixe très importante et à une politique de prix très agressive. Mais en Italie, la notoriété de la marque est proche de zéro. De plus, les prix qui y sont pratiqués ne sont que très légèrement plus élevés que ceux pratiqués en France en 2012. Free devra donc livrer bataille contre des rivaux « convergents » qui offrent mobile, internet fixe et télévision.

 

L’Italie observe cet entrepreneur français atypique

Si les médias italiens sont protectionnistes et n’apprécient pas forcément de voir des sociétés françaises s’implanter sur leur territoire, ils suivent néanmoins de près les faits et gestes de Xavier Niel, actionnaire majoritaire de Telecom Italia. Ils soulignent son style atypique «  cheveux longs, jeans et chemise blanche sans cravate » qui dénote avec celui de ses confrères français, beaucoup plus traditionnels. Le principal quotidien économique du pays « Il Sole 24 Ore » l’a même décrit comme un « autodidacte atypique qui aime bouleverser les règles et le statu-quo, surtout lorsqu’il s’agit de faire de l’argent ». Tout les séduit quand il s’agit de Xavier Niel, considéré comme un visionnaire touche à tout, ayant bâti sa fortune seul. Ses démêlés avec la justice et son image « bling bling » lui confèrent même un certain charme à l’italienne.

ARTICLES LIÉS

Le plus populaire