Il y a huit ans, Kazi Shafiqur Rahman nettoyait les toilettes de l’aéroport de Londres. Demain, il lancera sa compagnie aérienne Firnas Airways. Son projet : relier la Grande-Bretagne aux pays du Moyen-Orient, tout en respectant la charia.
Ce jeune autodidacte de 32 ans s’est procuré un premier avion de 19 sièges. Pour le moment, les vols resteront intérieurs. La clientèle ciblée : les riches Qatari en vacances au Royaume-Uni.
Fasciné par son ascension sociale, le pays est intrigué par ses intentions. En attendant d’en savoir plus, la chaîne de télévision Channel 4 lui a dédié une émission de télé-réalité. Sa diffusion a démarré hier.
De nettoyeur à PDG
Dans un pays où les inégalités sociales se sont creusées depuis le Brexit, l’histoire de Kazi Shafiqur Rahman en inspire plus d’un. Celui qui a reçu le prix de « l’entrepreneur musulman britannique de l’année » en 2017 a commencé au plus bas de l’échelle.
En 1997, il arrive à Londres en provenance du Bengla Desh avec €800 et le brevet en poche. Sans diplôme, Kazi Shafiqur Rahman devient alors agent de nettoyage à l’aéroport London City Airport. Son rêve : devenir pilote.
Il commence alors à observer les clients réguliers de cet aéroport réservé aux hommes d’affaires. Nombre d’entre eux sont musulmans et souhaitent respecter la loi de la charia même dans les airs. Très rapidement, son idée prend forme.
« A chaque fois que je passais la sécurité pour prendre un vol, on me contrôlait. Je me suis dit que si l’on incorporait mieux la religion, les choses pourraient changer », a t-il déclaré au Daily Mail.
Un projet controversé
Dans cet objectif même « d’incorporer la religion », la ligne aérienne proposera des vols sans alcool à bord, avec des hôtesses de l’air en « tenue modeste ». De plus, une prière sera récitée avant chaque vol.
Mais le projet n’est pas une mince affaire. Alors que Firnas Airways vient à peine de démarrer, Kazi Shafiqur Rahmana doit faire face à de nombreuses controverses.
Le « Richard Branson musulman », comme il aime se nommer, a partagé sa frustration face caméra. « Certains internautes m’ont demandé si mes pilotes seraient kamikazes et si nous allions voler vers l’Etat Islamique », a t-il déclaré à la chaîne Channel 4, rapporte News AU.
De plus, une ligne aérienne 100% charia avait déjà été lancée. Ryani Airlines avait dû fermer en Malaisie en 2016, suite à de nombreux retards et vols annulés.
La réputation est essentielle dans ma culture. Si cela ne marche pas, ma famille en subira les conséquences », précise Kazi Shafiqur Rahmana. Celui qui a toujours rêvé d’être pilote dit avoir besoin de plusieurs millions de livres pour finaliser son projet de liaisons internationales.
Un financement opaque
Pour le moment, les investisseurs de Firnas Airways se font très discrets. D’ailleurs, la ligne cherche davantage de fonds, dans l’espoir de voler internationalement. Le site Internet de Firnas fait ouvertement appel aux dons, sans préciser qui l’a financé.
Alors que les compagnies aériennes Eithad et Emirates sont déjà bien implantées sur les mêmes correspondances, l’entrepreneur musulman espère attirer une clientèle de niche, et profiter de la publicité que lui offrira son émission de télé-réalité pour consolider ses fonds.