AccueilÉconomieCharbon : des promesses parties en fumée ?

Charbon : des promesses parties en fumée ?

Alors que la plupart des pays de l’Union européenne s’efforce de promouvoir des énergies renouvelables depuis la COP 21, la France emprunte la voie du charbon. Un chemin pour le moins… déroutant. 

Quatre usines à charbon sont toujours en marche dans l’hexagone. L’arrêt de la production de charbon était pourtant l’une des promesses phares d’Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle.

Le chef de l’état avait promis que l’ensemble des usines fermeraient d’ici 2022. Une toute autre réalité économique s’est imposée à lui.

Le charbon se porte bien. C’est un secteur toujours aussi dynamique, créateur d’emplois dans des zones rurales encore meurtries par la crise financière de 2008.

Un sujet qui pourrait bien diviser écologistes et travailleurs locaux, quelques mois avant les élections européennes.

4 sites, 35% de la pollution nationale

Symbole du XIXème siècle et d’une industrie révolue, le charbon reste un secteur actif en France, où l’on compte près de quatre centrales. A titre comparatif, le pays en comptait une quinzaine il y a dix ans.

Deux usines sont exploitées par EDF, Cordemais (Loire Atlantique), Le Havre (Seine-Maritime) et deux autres le sont par l’entreprise allemande Uniper, Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Saint-Avold (Moselle).

Même si le chiffre semble dérisoire, les quatre centrales produisent l’équivalent de 35% de la pollution énergétique en France. Un rapport du Ministère de l’Ecologie a d’ailleurs rappelé cette semaine, « que ces quatre centrales émettent en CO2 l’équivalent annuel de 4 millions de voitures », comme le rapporte Le Monde.

De quoi échauffer les écologistes, qui avaient insisté auprès du candidat Macron pour qu’il tienne sa promesse : fermer toutes les centrales d’ici 2022.

Un projet de loi présenté mi-mars

Sous la pression des écologistes et des riverains, un projet de loi sur l’énergie devrait être présenté au Conseil des Ministres cette semaine.

Le contenu n’a pas été dévoilé publiquement, mais Le Monde s’est procuré une partie de la première version du texte.

Il prévoit une disposition concernant les centrales. La première version semblerait différente de celle récemment transmise le mois dernier au Conseil Economique, Social et Environnemental.

Toujours selon le quotidien, « toute référence au charbon a disparu. « C’est un très mauvais signal », s’inquiète Cécile Marchand, chargée de campagne climat aux Amis de la Terre. »

D’ailleurs, le gouvernement s’est montré extrêmement discret quant à ce nouveau rapport et a justifié ce vide par une « préoccupation juridique ». Une explication d’autant plus surprenante que les quatre sites ne produisent que 2 % de l’électricité en France.

Une décision politique ?

Pour beaucoup, le revirement de situation est une décision politique.

Si la production est symbolique, la décision du gouvernement est, selon de nombreux experts, destinée à gagner la confiance – et les voix – des travailleurs de ces sites, souvent ouvriers et majoritairement enclins à voter Marine Le Pen.

Installés dans des régions où le chômage est plus élevé que la moyenne, ces sites, s’ils devaient être fermés, occasionneraient des conséquences dramatiques, dans un contexte socio-économique déjà compliqué.

A lire sur Alvexo: « L’économie française en proie à des licenciements massifs »

Quel avenir pour les centrales ?

Si l’une de ces centrales risque de rester ouverte suite à une dérogation exceptionnelle, les 670 personnes qui travaillent pour les sites s’inquiètent de leur avenir.

Au total, l’arrêt du charbon coûterait à la France un manque à gagner de plus de €5 milliards, comme l’a déclaré au Figaro, Luc Poyer, le Président d’Uniper France.

Selon LCI, EDF penserait déjà à son prochain projet. Nommé Ecocombust, il serait question de « remplacer progressivement le charbon par des granulés fabriqués à base de déchets de bois dans ses centrales de Cordemais et du Havre ».

Si cette nouvelle a été saluée par les écologistes, elle a été très mal accueillie par les salariés des centrales. Tout d’abord, ces derniers n’ont pas la formation pour travailler avec de tels matériaux,  et l’usine tournerait moins.

Pour exemple, l’ancienne centrale de Gardanne – actuellement en grève – a été convertie en 2015. L’usine ne fonctionne plus que le tiers du temps, alors que la moitié du bois est importée de l’étranger, majoritairement du Brésil.

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