AccueilÉconomieBrexit : quand Le Sun s’en mêle

Brexit : quand Le Sun s’en mêle

Toujours considéré comme un journal très conservateur qui ne manque jamais une occasion de critiquer l’Europe, le tabloïd anglais The Sun a pris ouvertement parti en faveur du Brexit en déclarant que « cela permettrait au pays d’avoir un avenir en tant que puissante nation autonome » et de se « libérer de la dictature de Bruxelles ». La direction a décidé de publier mardi dernier la une du journal aux couleurs de l’Union Jack, sur laquelle on pouvait lire « BeLEAVE in Britain » écrit en toutes lettres, ce qui semble influer sur les sondages. Selon une enquête d’opinion d’ICM publiée par The Guardian, le camp Brexit est en tête de six points et représente à quelques jours du sondage 53 % des intentions de vote.  D’un autre côté, la moyenne des six derniers sondages donnent le Brexit gagnant, avec 52 % des intentions de vote, contre 48 % pour le « in ».

 

Le Sun soutient que le Brexit permettrait de réaffirmer la souveraineté du Royaume-Uni

Au sein de son éditorial, The Sun a soutenu qu’une sortie du Royaume-Uni de l’Europe permettrait de « réaffirmer sa souveraineté et d’enfin embrasser son avenir en tant que nation puissante autonome ». Un avenir au sein de l’Europe est considéré comme « très sombre pour le pays », « absorbé par l’expansion sans relâche de l’État fédéral allemand. »

« Notre pays a une histoire glorieuse. C’est notre chance de rendre la Grande-Bretagne encore meilleure, de reprendre notre démocratie, de préserver les valeurs et la culture dont nous sommes fiers à juste titre », The Sun.

« Nous devons nous libérer de la dictature de Bruxelles (…), l’UE de « de plus en plus cupide, dépensière et harcelante » The Sun

« La meilleure issue de ce référendum serait une nouvelle alliance entre les nations souveraines de l’Union, alliance basée sur le libre-échange et les réformes et guidée par la Grande-Bretagne », The Sun.

 

Difficile de faire des pronostics sur l’issue du référendum

À en croire une enquête d’opinion ICM récente publiée par The Guardian, le camp « in » du Brexit serait en tête de six points, ce qui représente 53 % des intentions de vote. Mais deux sondages publiés au cours du week-end donnent le « out » gagnant, alors que la moyenne des six derniers sondages calculée par le site WhatUKThinks donne le « out » gagnant avec 52 % d’intentions de vote contre 48 % pour le « in ».

 

Peut-on faire confiance aux sondages ?

La question se pose ici, d’autant plus que les instituts de sondages ont été très critiqués après la débâcle qui a eu lieu l’année dernière. Souvenez-vous, juste avant les élections législatives, ces instituts avaient donné les travailleurs et conservateurs au coude-à-coude, et ce de manière unanime. Pourtant, les Tories l’ont emporté avec un avantage notable, si bien qu’ils ont obtenu assez de sièges à la chambre des communes et ont donc réussi à se passer du soutien de libéraux démocrates, leurs alliés de longue date.

 

Si l’élaboration des panels fait des progrès, elle n’est pas sans faille

Suite à l’erreur des législatives de 2015, une enquête a été ouverte par le conseil britannique des sondages pour savoir ce qui a pu mener à une telle erreur. Il s’avère que les sympathisants travaillistes avaient été surreprésentés dans les échantillons versus les électeurs conservateurs. Les sondeurs ont depuis réagi, du moins officiellement. L’institut YouGov a reconnu avoir par le passé « interrogé les mauvaises personnes, (…) qui étaient trop engagées, trop intéressées par la politique [par rapport à la moyenne de la population] », pour ensuite assurer avoir fait des efforts dans le choix des panels, afin d’y intégrer davantage de personnes « qui prêtent moins attention à la politique ».

 

Ecarts entre les sondages en ligne et par téléphone

Lorsqu’ils sont réalisés via le web ou par téléphone, les sondages présentent des résultats différents, les premiers tendant à favoriser le « out » et les seconds « in ». Serait-il plus facile d’exprimer des opinions tranchées en ligne ? Ou bien y a-t-il une surreprésentation des personnes diplômées par téléphone ? Aucun institut de sondage n’a réussi à trancher sur cette question pour le moment.

 

Les autres journaux britanniques prennent position

 « The Daily Express » vote « out »

Le magazine anglais, publiquement europhobe, soutient sans surprise le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, à savoir l’UKIP.

 « The Daily Mirror » vote « in »

Le tabloïd très proche des travaillistes pro-européen est favorable au maintien du Royaume-Uni dans l’Europe. Il a vivement critiqué l’argumentaire des politiques pro-« Brexit » qui « accusent l’Europe et l’immigration des problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés ».

 « The Guardian », clairement pour le « in »

Le journal de centre gauche est clairement en faveur du « in », après avoir annoncé son soutien « quoi qu’il arrive » après l’accord obtenu par David Cameron en février dernier à Bruxelles. Il a enfoncé le clou dans un éditorial le 9 mai en publiant : « Le Guardian ne s’excusera pas de défendre d’ici le 23 juin la place de la Grande-Bretagne en Europe aussi clairement et honnêtement que possible ».

« The Financial Times », favorable au « in »

Le quotidien spécialisé dans les nouvelles économiques, estime que la Grande-Bretagne devrait voter pour rester dans l’UE.

« The Times » est le seul à paraître indéterminé

Le journal possédé par Ruppert Murdoch est le seul à paraître indéterminé quant au vote du 23 juin. Mais selon un sondage YouGov publié au début du mois de mars, 62 % des lecteurs du Times sont favorables à un maintien du pays dans l’Union européenne.

 

Un vent de panique souffle sur les marchés

Les hauts responsables travaillistes ne cessent de mettre en garde contre les conséquences d’une sortie de l’UE, qui pourrait mener à la suppression de 525 000 emplois dans le secteur public. Alors que la monnaie nationale était sous pressions ces dernières semaines, les derniers sondages pèsent encore plus lourdement sur la livre sterling à l’approche du référendum.

 

A quelques jours du sondage, les places financières sont fébriles

Un éventuel Brexit n’inquiète pas seulement le monde politique et économique, mais aussi les places financières, en particulier La City. En effet quel que soit l’issue du référendum du 23 juin, la place boursière principale de la Grande-Bretagne sera changée, avec des entreprises internationales qui songent déjà à ramener certaines de leurs activités ailleurs en Europe, à l’instar d’HSBC. Si à Francfort il est considéré que même après un Brexit, la City resterait la place financière la plus importante du monde, beaucoup d’économistes ne partagent pas cette confiance aveugle. Tout d’abord parce que ce secteur, qui représente 10% du PIB britannique, risque de perdre ses accès privilégiés aux marchés européens. Problème quand on sait que les 3/4 des activités des banques d’investissement européennes sont à Londres et qu’elles seraient alors en quelque sorte gérées off-shore.

ARTICLES LIÉS

Le plus populaire