Le gouvernement britannique a annoncé vouloir prendre le chemin d’un Brexit « dur », c’est-à-dire sans compromis, ce qui empêchera les banques d’accéder sans entrave au marché de l’Union européenne. A en croire l’Association des banques britanniques, un puissant lobby bancaire, plusieurs banques installées au Royaume-Uni se préparent à transférer certaines de leurs activités hors du pays, pour certaines dès Noël. Selon son Directeur Anthony Browne, « les mains des banques frémissent au-dessus du bouton relocalisation. Il y a un consensus sur le fait que le marché financier intégré à l’UE est l’un de ses plus grands succès ». Ce système intouchable mis en place il y a trente ans lors de l’âge d’or de la City est désormais remis en cause par le Brexit.
Secteur bancaire : menacé par le Brexit « dur », sans compromis
Selon le patron de la British Banker’s Association Anthony Browne, le Brexit serait en train de remettre en cause l’intégration du marché financier intégré comme l’une des plus grandes réussites de l’UE. Ce système bien établi est à présent menacé par le Brexit « dur » promis par le gouvernement britannique. Selon lui, « la plupart des banques internationales ont maintenant des équipes qui travaillent à déterminer quelles opérations doivent déménager pour qu’elles puissent continuer à fournir un service à leurs clients, la date à laquelle cela doit arriver, et quelle est la meilleure manière de s’y prendre ». Les grosses banques devraient commencer le processus de relocalisation au premier trimestre de 2017, tandis que les établissements de taille plus modeste tablent sur une relocalisation avant Noël.
Plusieurs places financières déjà sur le coup
De nombreuses places financières européennes se disputent déjà les entreprises qui cherchent à se relocaliser : Dublin, Francfort, Paris, Luxembourg, Amsterdam et Lisbonne. Lisbonne s’avère très généreuse avec des rabais fiscaux très importants, tandis que Dublin joue sur la langue anglaise et ses instances de régulation, alors que Luxembourg est déjà très présente dans les fonds d’investissement. Au final, aucune ville ne sort vraiment du lot. Mais d’après Goldman Sachs, tout se jouera entre Paris et Francfort. La banque américaine se concentre d’ailleurs ces deux capitales en vue d’une délocalisation de ses activités européennes, dont plus de 1000 emplois sur les 6000 qu’elle compte à Londres à l’heure actuelle.
Départ des banques : des ravages au niveau économique
Margaret Thatcher et son « Big Bang » ont ouvert il y a 30 ans l’âge d’or de La City de Londres. Mais la crise de 2008 et le Brexit fragilisent cette domination. Jusqu’au référendum du 23 juin, la toute-puissance de la City, qui dépasse New-York par de nombreux aspects, n’avait jamais été remise en question. D’après une étude réalisée par le cabinet Oliver Wyman, entre 4 000 et 35 000 emplois vont quitter Londres, ce qui représente entre 1 % et 8 % de la main-d’œuvre de la City. Certes, cela n’est pas suffisant pour faire disparaître le centre économique, mais ça l’est assez pour l’affaiblir. Pour le Royaume-Uni, c’est un tremblement de terre économique. Certes la City n’emploie que 400 000 personnes, mais les services aux entreprises et les services financiers sont les deux premières sources de devises du pays. Le Brexit remet tout en cause.
Banques : délocaliser le « strict minimum »
Si les banques viennent à perdre leur « passeport européen » qui leur permet de vendre leurs services à tous les pays de l’UE, elles vont être contraintes de signer un nouvel accord juridique avec chaque client. Cela nécessitera donc des dépenses juridiques substantielles, ainsi que la mise en place de nouveaux comptes en banque. Si cela peut se faire en deux semaines pour un seul client, la plupart des banques ont des centaines de clients dans l’UE, et un déménagement prendrait en moyenne deux ans. Ainsi dans un premier temps, seul le strict minimum sera délocalisé. Mais une chose est sûre, aucune banque ne va complétement fermer à Londres.
« Beaucoup d’hommes politiques britanniques estiment que le centre financier est indétrônable, que Londres a gagné la bataille dans les années 1990 et la gagnera encore. Mais ce n’est pas forcément le cas. Les départs ne seront pas très nombreux au début, mais les banquiers se demandent combien de briques on peut enlever avant que l’édifice ne s’écroule. » Margaret Doyle, associée chez Deloitte et spécialiste des affaires financières.
Pas moins de £20 milliards en jeu
Toujours d’après le Directeur de l’Association des banques britanniques Anthony Browne, si le Royaume-Uni n’avait plus accès au marché unique de l’Union Européenne, £20 milliards d’échanges commerciaux seraient mis en danger. Comme nous l’avons mentionné plus tôt, les établissements bancaires redoutent par-dessus tout de perdre leur « passeport européen» leur permettant de commercialiser leurs services auprès de l’ensemble des vingt-huit pays de l’Union Européenne, et ce sans aucune régulation supplémentaire. Mais ce n’est pas tout : ce serait également la fin de la libre circulation des travailleurs : les citoyens européens n’auraient plus la possibilité de travailler au Royaume-Uni sans visa.
Un banquier coûte plus cher à Paris qu’à Londres
C’est bien connu, les banquiers sont beaucoup moins bien payés à Paris qu’à Francfort ou à Londres. Ainsi, un haut salaire recevra €1.59 millions annuels à Paris, versus €1.688 millions en Allemagne et €1.965 millions à Londres. D’un autre côté, les charges salariales y sont deux fois plus élevées qu’ailleurs. Pour couronner le tout, c’est l’une des capitales européennes où il existe le plus de protections sociales pour les hauts salaires.