AccueilÉconomie6 questions pour comprendre la crise des Gilets Jaunes

6 questions pour comprendre la crise des Gilets Jaunes

Le mouvement des Gilets Jaunes a bien évolué depuis les manifestations du 17 novembre. Au départ, il fut crée uniquement contre la hausse des taxes, puis il s’est élargi à d’autres sujets, tels que les institutions et les aides sociales.

Les 42 revendications présentées aux médias dépassent désormais la fiscalité du carburant, et la violence des évènements force le gouvernement à agir. Nous vous aidons à comprendre les Gilets Jaunes, ce mouvement social historique dans lequel est plongée la France depuis plus de deux mois.

1. Qui sont les « gilets jaunes » ?

Si pour les sociologues les Gilets Jaunes représentent les perdants de la mondialisation, pour les politiques ils sont des affranchis de la logique de mobilisation traditionnelle, réunissant les proches de la gauche, de la droite radicale, ainsi que les citoyens éloignés de la politique.

En bref, jusqu’à aujourd’hui, les opinions divergent et de peu de données chiffrées étaient disponibles afin de dresser un portrait type des manifestants. Mais cela changé avec l’étude de cinq chercheurs de Sciences Po Grenoble qui ont interrogé 1455 Gilets Jaunes français présents sur les réseaux sociaux.

A lire aussi : Face à Macron, les gilets jaunes toujours en marche

Les résultats de l’étude sont les suivants :
  • 60% des Gilets Jaunes interrogés ne se situent pas sur l’échelle gauche-droite.
  • L’échantillon est bien diversifié géographiquement.
  • 35% des Gilets Jaunes vivent dans un village de campagne, 38% dans une ville ou une petite ville, 20% dans une grande ville ou une banlieue et 7% dans une ferme ou une maison à la campagne.
  • Les femmes (56%) sont plus nombreuses que les hommes (44%).
  • Dominance des 35-49 ans (38%) et des 50-64 ans (29%).
  • 45% des Gilets Jaunes sont mariés avec des enfants, 25% sont célibataires, 18% sont des couples sans enfant et 12 % sont des familles monoparentales.
  • 67% des gilets jaunes exercent une activité professionnelle, 13% sont des chômeurs, et 12% sont des retraités.
  • 29% des Gilets Jaunes occupent des professions intermédiaires, 28% sont des employés, 19% sont des ouvriers et 1% sont des agriculteurs.
  • 68% des Gilets Jaunes vivent dans un ménage dont le revenu disponible net est inférieur à €2 480, et 17% vivent dans un ménage avec moins de €1.136.
  • 74% des Gilets Jaunes sont en situation de précarité, soit le double de la moyenne nationale.

Consultez l’étude au complet sur Le Monde

2. Pourquoi les Gilets Jaunes sont en colère ?

La taxe carbone sur le carburant et la conjoncture économique en France sont communément citées comme les principaux déclencheurs du mouvement. Mais selon Alexis Spire, Directeur de recherche au CNRS et auteur de « Résistances à l’impôt, attachement à l’état » qui s’est exprimé auprès de l’AFP, la question des carburants ne serait qu’un déclencheur. Selon lui, le problème serait beaucoup plus profond : les classes populaires “oubliées” et “ignorées” seraient depuis quelques années révoltées envers la fiscalité française.

A lire aussi : 19% des recettes de la TICPE directement dédiés à l’écologie

3. Que veulent les Gilets Jaunes ?

Le 29 novembre, les gilets jaunes ont transmis aux médias et députés une liste de 42 revendications concernant la fiscalité, les institutions et les aides sociales. Le long communiqué reprenant les “directives du peuple” dépasse largement le cadre de la hausse de prix du carburant.

Ces revendications seraient issues d’un sondage mené “sur plusieurs groupes de soutien au mouvement”, et il est expressément demandé qu’elles soient transposées en lois.

4. Quelle est la réponse du gouvernement ?

Deux semaines après la première manifestation, le gouvernement a annulé la hausse de la taxe sur les carburants. Mais le mal était fait, et le mouvement a mis en avant d’autres revendications, telles que la hausse du pouvoir d’achat et la lutte contre l’injustice fiscale.

Après avoir cédé, l’exécutif s’est trouvé confronté à un rejet total de la politique. Plan B, il propose alors un plan de hausse des prestations sociales de €10 milliards, jugé insuffisant et trop tardif par le mouvement.

A lire aussi : Les réformes de Macron bénéficient aux 2% les plus riches

5. Comment le mouvement a-t-il commencé ?

Au début, il n’étaient que trois personnes originaires de Seine-et-Marne: une vendeuse en ligne, Priscillia Ludosky, et deux chauffeurs routiers, Éric Drouet et Bruno Lefevre.

Tous trois ont fait le même constat : la hausse des prix du carburant est insoutenable. Les deux chauffeurs créent un évènement sur Facebook pour bloquer les routes un mois plus tard, tandis que Priscillia Ludosky lance une pétition sur internet pour dénoncer le fait que les deux tiers du prix des carburants sont dus aux taxes de l’état. Elle atteindra le million de signatures.

Peu après, les trois manifestants feront cause commune sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps, Jacline Mouraud, une hydrothérapeute de 51 ans, publie une vidéo dénonçant la “traque des conducteurs” qui sera vue 6 millions de fois. Des groupes s’organisent partout en France pour le blocage du 17 novembre.

6. Pourquoi porter un gilet jaune ?

Parce que c’est facile à trouver pour les manifestants. Tout le monde en a un dans sa voiture car la loi française l’oblige depuis 2008. C’est aussi un symbole, celui de la hausse des prix du carburant.

ARTICLES LIÉS

Le plus populaire