Au mois de mai, la révision de la loi Travail a engendré des contestations, qui à leur tour ont mené à une pénurie d’essence dans la France entière. Le bras de fer s’est durci la semaine dernière, avec d’un côté le plus grand syndicat encourageant la grève au sein des raffineries et autres secteurs, et de l’autre côté, le gouvernement qui promet le déblocage imminent des dépôts pétroliers. Résultat : 20% des 12 000 stations d’essence du territoire ont été touchées par la pénurie de carburant. Ces grèves ne sont pas sans répercussions sur le tourisme français, déjà durement touché par les attentats terroristes, l’état d’urgence, les grèves à répétition, ainsi qu’une météo désastreuse. Ainsi, les clients étrangers deviennent frileux, et les professionnels du tourisme français doivent affronter un début de saison calamiteux. La multiplication des problèmes est en train de rejaillir sur l’image de la France.
La France : destination « à risque » pour le touriste étranger ?
Sur la liste des images à impacts négatifs sur le tourisme français, on retrouve les attentats de janvier et novembre 2015, les grèves et blocages à répétition durant les dernières semaines, et les manifestations qui dégénèrent. La France apparaît clairement comme une destination à risque social, et cela touche autant la clientèle haut de gamme à fort pouvoir d’achat, comme les chinois et japonais, que celle au pouvoir d’achat moyen, comme les allemands ou hollandais.
France : première destination au monde, mais va-t-elle le rester ?
84,7 millions de touristes étrangers ont visité la France en 2015, ce qui en fait la première destination au monde. Mais selon l’association nationale des acteurs du tourisme (Anat), le pays est près de tomber de son piédestal, la situation étant déjà critique en raison des dizaines d’annulations effectuées lors des dernières semaines, notamment en raison des mouvements sociaux.
Les inondations paralysent l’activité économique
Après les attentats et la baisse entre 30 % et 50 % de l’activité fluviale à Paris, les crues récentes constituent un nouveau coup dur pour le tourisme fluvial français ainsi que le transport des marchandises, et ce en plein milieu de la haute saison touristique. Quant aux touristes qui sont déjà là, ils ont dû subir en début de semaine, les pluies torrentielles qui les privent de bateaux mouches, de visites aux Musées du Louvre et d’Orsay, qui ont été fermés pour mettre leurs collections à l’abri, sans compter les grèves intempestives rendant les transports en commun peu fiables.
« Nous avons perdu depuis les attentats entre 40% et 50% de notre travail. Nous avons eu de nombreuses annulations de groupes américains, australiens, ou encore japonais. Depuis novembre l’année dernière, les Japonais ne sont pas revenus en France et quatre tours opérateurs à Paris ont dû renvoyer du personnel». Monique Charr, guide-conférencière dans la capitale.
Six mois après les attentats, le tourisme tournait au ralenti
De manière générale, les touristes boudent les hôtels, restaurants, musées et grands magasins de la capitale depuis les attentats de novembre 2015. Mais le mois d’avril a été particulièrement décevant. Dans l’hôtellerie, le taux d’occupation a reculé de plus de 11 % par rapport à 2015, soit à 70,4 % versus 84,4 % à la même période l’an dernier. Après les attentats de janvier, ceux de novembre, et ceux de Bruxelles, auxquels se sont ajoutés les recommandations de prudence ont considérablement échaudé les touristes. La clientèle étrangère semble à présent se rabattre sur le nord et le sud de l’Europe.
Les hôtels contraints de casser leurs prix
Afin de devenir plus attrayants, les hôtels de la capitale ont réduit leurs prix, et ce jusqu’à moins 20 % pour certains. Selon le cabinet MKG, cela signe la plus grosse baisse depuis 15 ans. Les restaurants n’ont pas été épargnés, avec un taux de fréquentation diminué de moitié, en particulier le soir. Même chose pour les lieux habituellement bondés, tels que les boutiques de luxe, musées, grands magasins et autres lieux touristiques. Il suffit de jeter un œil aux alentours de la Tour Eiffel pour s’en apercevoir : là où on doit habituellement faire la queue pendant des heures pour gravir les étages tant prisés du touriste, il n’y a plus un chat.
La pénurie d’essence aggrave la situation
La pénurie de carburant récente a pénalisé davantage les professionnels du tourisme. D’après le site internet Weekendesk, le leader français de la réservation en ligne de week-ends, a été touché de plein fouet. Son Directeur Général, Laurent Salanié a constaté une chute de 28 % des réservations d’une semaine sur l’autre lors de la dernière semaine de mai. Il estime un manque à gagner de €80 000 sur la période, du jamais vu pour le groupe.
France et Euro 2016 : vitrine du tourisme
Les professionnels attendent néanmoins un rebond avec l’arrivée de l’Euro 2016, qui débutera le 10 juin prochain à Paris, pour ensuite s’établir dans 10 villes françaises. 2,5 millions de spectateurs européens sont attendus au total, dont 1 million d’étrangers qui dépenseront plus de €3 milliards dans l’hexagone.
Les pouvoir publics multiplient les initiatives
A quelques jours du début de l’Euro 2016, le Comité Régional du Tourisme a lancé un véritable cri d’alarme pour alerter les pouvoirs publics sur les risques graves encourus par l’activité touristique de la France au vu de la situation actuelle. » Les pouvoirs publics font de leur mieux pour accueillir et rassurer les touristes en vue de l’Euro. Il y a quelques jours, la Maire de Paris, Anne Hidalgo et le Ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault ont lancé une grosse campagne de promotion justement nommée « destination Paris » afin de rassurer à la fois les visiteurs et les professionnels du tourisme sur les conditions de sécurité de la Ville de Paris » en diffusant un discours positif et enthousiaste favorisant le désir de visiter Paris, et ainsi accélérer le retour aux niveaux de fréquentation touristique habituels, d’avant le 13 novembre 2015.